J'étais dans mon canapé depuis des heures. J'ignorais le nombre exact d'heures qui s'étaient écoulées depuis que j'étais revenue de mon entretien. Depuis que j'avais trouvé ce mot. Je l'avais en mains. Je ne savais pas quoi en faire. Avais-je raison de croire que c'était Seth? Ou me trompais-je totalement? Je ne savais pas quoi penser. Que savait-il? Qui pouvais-je appeler? A qui parler? Personne... Mes parents, ce n'était même pas la peine d'y penser. Ils ne savaient rien et il n'était pas question qu'ils sachent un jour quoi que ce soit. D'ailleurs... Personne ne devait savoir. Personne... Luciole vint se frotter à mes jambes et je souris doucement mais surtout tristement. Heureusement qu'elle était là elle. Je ne voulais pas parler. Je posai le petit mot sur la table basse devant moi avant de me lever et d'aller dans la cuisine pour mettre à manger au chat. Je lui donnai quelques caresses avant d'aller à la fenêtre du salon. La nuit tombait déjà. Il fallait que j'aille voir quelqu'un. Je ne supportais pas de rester seule. Je vis des ombres dehors. Je reculai de la fenêtre après avoir fermé les rideaux. Calmes toi Adaline... Personne ne t'attend là dehors... Personne ne va venir te faire du mal... Je jetai un nouveau coup d'oeil à Luciole. Et les larmes coulèrent doucement le long de mes joues. Je pris l'animal et le mit dans sa cage. J'attrapai le mot que je mis en poche, mon sac à main, ma veste et je quittai mon appartement pour monter en voiture. Je fermai les portes de l'intérieur, démarrai et roulai en direction de chez Alexander. Un ami. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui dire mais j'avais trop peur de rester seule pour cette nuit. Et c'était la première personne à laquelle j'avais pensé. Je finis par me garer en bas de chez lui. Luciole était très calme. J'avais emmener de quoi m'occuper d'elle chez Alexander: nourriture, gamelle, tout ça... Je sortis de la voiture avec mes affaires et je frappai à la porte du duplex. La porte s'ouvrit enfin sur un homme des plus attirants, il fallait l'avouer. Sans ambiguité, il n'était que mon ami. C'était une simple constatation. Je pris timidement la parole. Mes yeux étaient rouges. Le fait que je pleurais souvent et que j'avais d'ailleurs notamment pleuré récemment était flagrant, évident. Il le remarquerait sans problème. Timidement, donc, je pris la parole: "Bonsoir..." Comment faire pour lui demander? "Je... Jsuis désolée de te déranger à cette heure-ci mais hum... Tu crois que tu pourrais m'héberger avec Luciole cette nuit...?" Je devais avoir l'air pathétique. Je devais ressembler à un animal apeuré, blessé...

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C'était difficile pour moi d'aller demander de l'aide à quelqu'un. J'étais une personne qui aimait se débrouiller seule, qui aimait avoir son indépendance. Alors oui, venir demander à Alexander de m'héberger n'était pas facile pour moi. Allait-il me poser des questions sur le pourquoi? Et comment lui dire que j'avais la trouille parce que j'avais cru voir quelqu'un roder autour de chez moi et qu'en plus, j'étais encore d'autant plus terrifiée du fait que j'avais subis une agression à peine quelques jours auparavant? Non vraiment, me retrouver devant sa porte pour ces raisons-ci n'était pas pour me faire plaisir. Il ouvrit finalement la porte et je n'eus donc pas d'autre choix que de lui demander si je pouvais rester chez lui avec Luciole pour la nuit. Je n'avais pas l'habitude de faire ça mais j'avais bien trop peur en restant seule. Cela faisait déjà plusieurs jours que je ne sortais pas, que je restais dans mon appartement à traîner en pyjama avec pour seule compagnie mon chat. Il me laissa entrer et prit mes affaires pour libérer rapidement Luciole qui se mit à gambader dans le salon pour explorer son nouvel environnement. Luciole était vraiment un animal adorable. Je souris légèrement en le voyant s'occuper de tout puis il m’entraîna dans la cuisine. "Tu sais bien que ma maison est ta maison et que tu peux y rester autant que tu veux avec Luciole. Puis j'ai de la nourriture pour Luciole qui l'attend. Tu as un petit peu manger ?" Depuis des jours, je n'avais pratiquement rien mangé non... Quelques céréales, une pomme, par-ci; par-là... J'haussai doucement les épaules. Je ne le regardais pas, je ne regardais pas ce qu'il faisait... Je fixais le sol. "Je n'ai pas faim, t'en fais pas pour moi..." Oh non, je n'avais pas faim... Je jouais nerveusement avec les bouts des manches de mon gilet. Je reniflai légèrement. Devais-je lui dire quelque chose? Maintenant? Attendre? Je ne savais guère. "Jsuis vraiment désolée de débarquer à l'improviste..." Je ne savais pas si je devais lui parler. Je n'avais pas envie d'en parler, à personne. "J'ai juste... un peu trop peur toute seule chez moi..." Mais de quoi avais-je donc peur? Seule moi le savais. Alexander devait être bien loin de comprendre...

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Ce que je devais avoir l'air pathétique. Je ne me reconnaissais plus. Mais j'étais brisée de l'intérieur. Brisée. Oui, c'était le bon mot. Ce qu'il s'était passé ce soir là me hantait. Etait-ce ma faute? Ou n'avais-je strictement rien fait pour provoquer ça? Est-ce-que cet homme, cette ordure, avait simplement attendu qu'une femme passe pour l'agresser et mon malheur était le malencontreux fruit du hasard ou l'avais-je cherché? "Adaline, il faut que tu sache qu'un jour il te faudra en parler. Le mieux serait que la personne a qui tu en parle sera celle que tu souhaitais et pas un inconnu. Mais tu sais que je ne vais pas te forcer à parler, comme tu ne m'a pas forcer à parler de mon passé. Ici tu ne crains rien. C'est ainsi que la vie évolue. Parfois elle est la pire des garces mais il faut accepter de montrer sa faiblesse à une personne de confiance pour évoluer." Je n'étais pas obligée d'en parler, ça ne regardait personne! Je pouvais très bien me débrouiller toute seule! Dixit celle qui est venu sonner chez son ami, celui qu'elle considère un peu comme son frère, parce qu'elle avait trop la trouille toute seule... Je me souvenais de ne pas avoir trop insisté sur son passé. Je n'avais jamais voulu le forcer à parler. "Je suis pas obligée d'en parler, si j'ai pas envie..." C'est tout ce que je trouvai à dire... Je ne le regardais toujours pas. "Tu te rapelle que tu voulais savoir qui est la femme dans le tableau ? C'est ma mère. Elle est morte en couche. Ma famille allait s'agrandir. Mon père est russe et il a plongé dans l'alcool ... Mais cela n'est pas grave. Toi, quelque chose te ronge." Je l'écoutai attentivement. Je ne savais pas tout ça. Il n'avait jamais voulu me parler de son passé. Je n'osai pas réellement répondre. Sans doute de peur de dire une bêtise. Plusieurs longues secondes s'écoulèrent avant que je ne prenne mon courage à deux mains. "Ta mère semblait être une femme magnifique..." Je laissai à nouveau passer quelques secondes. "Tu as peut-être raison... ça me ronge... de l'intérieur..." Puis il posa un bout de carotte devant moi en me disant que je mangeais avec lui ce soir. Je souris doucement. "Je n'ai pas faim, je t'assure... C'est pas la peine de me préparer un truc, je ne mangerais pas..." Je soupirai légèrement, laissant le bout de carotte devant moi, sur la table, sans y toucher...

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La vie vous réserve parfois beaucoup de surprises. Je pensais que tout allait bien dans ma vie. J'avais quitté mon ex petit-ami depuis deux ans, mon premier amour et le seul avec qui j'avais pensé construire ma vie, celui avec qui j'avais habité. Mais j'allais bien malgré la rupture, rupture qui avait été préférable. J'avais des amis formidables, un chat adorable, j'entamais ma dernière année de droit et j'avais un petit boulot sympathique. Bref, j'étais heureuse. Jusqu'à ce soir là. Jusqu'à me sentir détruite. Brisée. Je me souvenais parfaitement de ce type, de son regard pervers et de ses paroles salaces. Jamais je ne pourrais les oublier. Il m'avait prit ma joie de vivre, ma confiance, ma sérénité. Autant dire qu'il m'avait tout prit. Le bonheur ne dure jamais... J'avais peur en venant chez Alexander. Oui, il était un homme. Mais c'était la seule personne chez qui j'avais envie d'aller, la seule personne en qui j'avais assez confiance à l'heure actuelle. Je ne savais pas si j'aurais le courage de lui dire exactement ce que j'avais subis, le pourquoi je ressentais ce besoin de réconfort et de sécurité. "Tu sais que je te mettrais quand même une assiette devant toi pour que tu en grignote un peu. Après on va parler un petit peu d'accord ? Je pense que tu as des choses à dire depuis ta dernière visite il y a trois semaines." Alexander et moi, on ne se voyait pas forcément souvent. Mais quand on se voyait, on se confiait tout. Ou presque. En tout les cas, c'était sûrement mon ami le plus proche. Il était comme le grand frère que je n'avais jamais eu. Mais est-ce-que je lui parlerais pour autant? Bonne question. "Je ne suis pas sûre de vouloir parler..." Puis les minutes passèrent, en silence. Il donna à manger à Luciole, puis posa une assiette devant moi. Je souris doucement. Je lui avais pourtant dit que je ne voulais rien. Je fixais mon assiette alors qu'il commença à manger. "Bon appétit. désolé j'ai pas encore manger pour l'après-midi. J'ai un peu avancé sur mon travail." Je laissai de nouvelles minutes s'écouler. En silence. Je regardais le contenu de mon assiette. Tout ça avait l'air bon mais vraiment, je ne pouvais pas manger. Puis, il fallait quand même que tout sorte. Il fallait que je le dise. Enfin... en partie disons. "J'ai été agressée." Voila, une partie était dite. Je n'avais pas précisé de quelle façon. Je sortis le mot de ma poche et le gardai en main, jouant nerveusement avec. Devais-je lui montrer? pour le moment, je n'en fis rien, le gardant simplement en mains.

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Avouer à Alexander ce qu'il s'était passé avait été difficile pour moi. Lorsque je sentis ses bras autour de moi, je me crispai immédiatement. J'avais trop de mal à supporter le contact des autres. Je ne le repoussai pas parce que je savais qui il était mais je ne passai pas mes bras autour de lui, je ne me blottie pas contre lui. Je restais droite, immobile. Et je l'écoutai en silence. Je suis désolé petite soeur, tellement désolé de ne pas avoir été là tout de suite pour toi. Je veux être là pour toi. Tu vas rester ici jusqu'à aller mieux. Je vais trouver une personne pour te protéger, une femme, pour quand tu retournera chez toi, ou alors tu reste chez moi tout le temps. Avec toute la place on aura nos espaces à nous. Non... Non! Je ne voulais pas de ça! Je voulais reprendre ma vie en main au fur-et-à-mesure, en douceur, et pour ça il fallait que je me débrouille seule. Ce n'était pas avec une garde du corps ou en restant chez lui que j'allais y arriver! Il avait à présent mes mains dans les siennes. Je reculai en enlevant mes mains des siennes, mains dans lesquelles j'avais encore le petit mot de Seth. "Non! Je veux pas... Je veux pas de ça... Je veux pas de ta pitié..." Je soupirai doucement en regardant Luciole qui vint se frotter à moi. Je m'accroupis et lui donnai quelques caresses. Elle ronronna. Je souris doucement en reprenant la parole. "J'ai besoin d'essayer... de reprendre ma vie en mains Alexander... Et c'est pas en me reposant sans cesse sur toi ou une garde du corps que je vais y arriver... Je suis venue parce que j'ai cru... J'ai cru voir quelqu'un rôder devant chez moi, et... J'étais pas prête, j'ai paniquée..." Je me relevai et lui tendis le mot: "C'est psychologique... Le type qui m'a agressée... Il... Il risque pas de revenir me faire du mal... Pas dans l'état dans lequel il est..." Je soupirai doucement.

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