Flashback

Un jour comme un autre? Pas vraiment. C'est ce jour-là qu'elle a tout perdu. Absolument tout. Son mari. Son fils. Sa mémoire. Et sans doute par conséquence de tout ça, sa vie. Un effondrement. Des pierres qui la sépare de sa famille. Elle voudrait les rejoindre. Elle s'épuise à tenter vainement de se frayer un chemin. Mais elle n'y arrive pas. On la calme, on lui dit que tout va bien se passer, que sa famille va bien et que des secours vont tous les sortir de là. Une nouvelle secousse. Elle a peur. Très peur. Et si elle ne les revoyait plus jamais? Et si son fils ne le revoyait plus? Son mari? Et si elle n'arriverait jamais plus à leur dire au revoir, à les embrasser? Elle est terrifiée. On lui parle, on tente de lui changer les idées. Un écrivain. Un métier intéressant, d'après elle. Une nouvelle secousse. Des pierres. Elle est assommée. Elle tombe dans le coma. Mais ce qu'elle ignore c'est qu'elle n'est pas seule... Et que depuis trois mois, même si elle n'a eu aucune visite hormis celle là, elle n'est toujours pas seule. Tous les jours. Il est venu la voir tous la jour depuis trois mois, depuis ce fameux jour. Depuis ce fameux accident qui les a liés d'une façon des plus étranges mais aussi d'une des façons les plus fortes et puissante, sans doute...

Fin du flashback

De nos jours

Le silence. Un silence pesant. C'est tout ce que j'entendais tandis que je reprenais doucement connaissance. Je bougeai légèrement un doigt. C'était mon index droit. Je n'entendais toujours rien. Je n'arrivais pas à faire plus pour le moment. Je reprenais conscience de ce qu'il y avait autour de moi. Des bruits lointains commençaient à bourdonner à mes oreilles. Ses bruits se firent de plus en plus précis. Des bips. Des voix. Je ne comprenais pas. La curiosité prenant à son tour le dessus, j'ouvris difficilement un premier oeil. La lumière était aveuglante. Je le refermai tout de suite. Je n'avais pas eu le temps de voir où j'étais. Je fis une nouvelle tentative et mes yeux s'ouvrirent enfin. Une chambre? Je laissai mes yeux parcourirent ce qu'ils pouvaient de la pièce sans trop bouger pour le moment. J'avais l'impression d'être épuisée. Mais attendez... Qui étais-je au fait? Que faisais-je à l'hôpital? Je me posais ces questions en bougeant enfin ma tête. Mon regard se posa sur un homme. Ah! Mais qui était-ce?! Rien. Le néant. Je ne me souvenais de rien... Je pris mon courage à deux mains pour adresser la parole au jeune homme. « Excusez-moi... qui êtes-vous...? » J'étais loin de savoir ce qui m'était arrivée, qui il était. Pourtant, avant de tomber dans le coma, elle le savait très bien. Elle connaissait son nom, son métier. J'avais un peu peur. J'étais dans l'inconnu, le flou le plus total. Comment nier que l'inconnu faisait peur? « Et... qui suis-je? Qu'est-ce-que je fais là...? Que s'est-il passé? » Je tentai de me redresser un peu, histoire de m’asseoir. C'était difficile, j'étais encore un peu faible. Trois mois sans bouger, c'était long. Je ne réussis qu'à me redresser un peu, sans plus. Je ne parvins pas à m'asseoir totalement.

Jeudi 9h du matin, mon réveil sonne. J’émerge tranquillement. Mon réveil était programmé à cette heure – là depuis maintenant 3 mois. Les visites à l’hôpital étaient autorisées entre 10h et 12h pour le matin. Et pour l’après – midi, c’était de 15h à 18h. J’y étais un maximum. Je ne voulais pas louper une seule minute. Je me préparais donc assez rapidement et pris mon bolide pour me rendre à l’hôpital. Venant tous les jours à la même heure depuis trois mois, j’avais ma petite routine et les gens me connaissaient plutôt bien. Me saluant tous d’un : « Bonjour ». A force, j’avais aussi reçu une carte de parking gratuite. Cela me permettait de limiter bien des frais. Je saluais convivialement les infirmières de Caitleen et leur demanda l’autorisation d’entrer dans sa chambre. Oui, il arrivait qu’elles s’occupent d’elle en la lavant, … Ses beaux cheveux longs étaient toujours propres, c’était un fait. Elles avaient toujours fait très attention à elle sur ce point. J’entrais donc dans sa chambre en ayant, au préalable, frapper. Les médecins m’avaient dit qu’il était bien d’instaurer un rituel. Cela pourrait la rassurer. Oh, bien sûr, elle ne me répondait pas. J’entrais alors tout de même. « Bonjour Caitleen ! C’est Max. » lui dis – je d’une voix chaleureuse. J’avais pris mon ordinateur portable apple afin de pouvoir travailler sur mon livre. Caitleen m’apaisait, elle me redonnait envie d’écrire. Le silence envahissait la pièce. Oh, il y avait bien quelques bip bip. Mais je m’y habituais assez rapidement et ne les entendais plus.

Tout à coup, je sentis une présence. Ma main était toujours posée sur la sienne lors de mes visites. Je voulais qu’elle sente que quelqu’un était là pour elle. Son petit doigt avait bougé, il avait bougé ! Première fois en trois mois. Je n’en revenais pas. Je lâchais donc mon apple et le posais sur le sol. Je voulais être attentif à elle. Ses yeux s’ouvrirent doucement. Je ne savais pas quelle réaction avoir face à elle. Pourtant, j’y avais déjà pensé des centaines de fois. J’étais complètement déstabilisé. Je la regardais alors avec un regard charmeur. Qu’allaient être ses premiers mots ? Je stressais. Elle venait de tourner sa tête vers mois. Elle m’adressa la parole me demandant qui j’étais. Max, ne le prend pas mal. Elle vient de se réveiller, elle ne se souvient certainement pas de ce qu’il s’est passé pendant trois mois. « Je suis Maximillian. ». Je lui répondis le plus naturellement possible. Je n’avais pas envie de développer notre histoire commune, comment nous nous étions rencontrés, … Je pense que ce n’était pas encore le moment. Elle me posait plein d’autres questions tout en essayant de se redresser. « Je pense que ce serait mieux que tu restes allongée, Caitleen. C’est pour ton bien. ». Je l’aidais tant bien que mal à la recoucher. Je n’avais pas la formation pour et j’avais l’impression qu’elle pouvait se casser en deux n’importe quand. J’allais partir de la chambre chercher des infirmières quand je me rendis compte que j’avais absolument oublié de répondre à ses questions. Elle devait être tellement déstabilisée, ne sachant rien de rien. Je répondais donc le strict minimum en lui prenant la main dans le but de la rassurer un maximum. « Tu es Caitleen. Tu es ici car il y a eu un grave accident. Tout va bien se passer maintenant, je suis là. Je ne partirai pas, je te le promets ! ». J’étais un peu maladroit dans mes mots et mes paroles mais je faisais comme je le peux. Je n’avais jamais eu aucune formation à cela. Lui ayant promis que je ne partirai pas, j’appuyais simplement sur le bouton pour que des infirmières viennent.

Je me sentais réellement perdue. Comme une étrangère à moi-même. Je ne me connaissais pas. Mon prénom, mon âge, mon métier, ma vie... Rien. Je ne savais rien sur moi, sur les autres, mon passé, mes projets. Le néant. J'étais obligée de lui demander qui il était, ce que je faisais là et qui j'étais moi-même. Je n'avais pas d'autres choix. « Je suis Maximillian. » Maximillian..? Je le regardai sans rien d'autre dans le regard que de l'incompréhension. Je ne savais pas où placer son visage, son nom, tout ça... Il m'était étranger. J'essayais de me redresser, je voulais réellement m'asseoir. « Je pense que ce serait mieux que tu restes allongée, Caitleen. C’est pour ton bien. » Et il m'aida à me recoucher. J'aurais voulu dire quelque chose, résister. Mais je n'y arrivais pas. Ma tête se reposa contre l'oreiller moyennement confortable et mon corps reprit sa place sur le matelas. Il prit ma main. Ma main gauche. Une bague? Est-ce-qu'il... Est-ce-que Maximillian était mon mari? J'étais mariée? « Tu es Caitleen. Tu es ici car il y a eu un grave accident. Tout va bien se passer maintenant, je suis là. Je ne partirai pas, je te le promets ! » Un grave accident? Je ne comprenais strictement rien à ce qu'il me racontait. Mais comment allais-je gérer tout ça? Je jetai un oeil autour de  moi, presque effrayée. Depuis combien de temps avais-je dormis? Pourquoi n'y avait-il aucun bouquet de fleurs? Avais-je au moins eu de la visite? Avais-je de la famille? Des amis? Je reposai mes yeux sur lui. Il était attirant. S'il était effectivement mon mari, j'avais bon goût. Je crois... Je n'étais sûre de rien. Pas même de ce que moi je pouvais éprouver et ressentir. « Je suis désolée... Je... ne me souviens de rien... » C'était difficile pour moi d'avouer qu'aucun souvenir ne me restait en tête. « Est-ce-que... nous sommes mariés...? » Il n'avait pas de bague mais peut-être que ça allait mal entre nous avant l'accident. Qu'en savais-je? Je devais avoir l'air tellement pathétique...

Une infirmière ne tarda pas à arriver avec un médecin. Ils se précipitèrent vers moi pour m'examiner. Les yeux, mes réflexes,... Tout semblait aller pour le mieux. Mais des examens restaient à faire, disaient-ils. Je ne les écoutais même pas, gardant la majorité du temps mon regard posé sur Maximillian. Le seul moment où je parlai, ce fut quand on me posa des questions comme quel jour nous étions, mon nom, mon âge... Ce à quoi je n'avais pas réussis à répondre, hormis que je m'appelais Caitleen mais ça, c'était Maximillian qui me l'avait appris à peine quelques instants avant. Le médecin prit la parole « Nous allons vous laisser un peu tranquille, le temps que vous retrouviez vos esprits. » Il prit Max à part, quelques pas plus loin, et lui dit à voix assez basse: « Il semblerait qu'elle soit amnésique. Nous ne pouvons pas déterminer si elle retrouvera ou non la mémoire, mais visiblement, elle ne se souvient de rien de sa vie d'avant. Il faudrait prendre des pincettes si elle vous pose des questions, y aller lentement. Le mieux serait de l'aider à retrouver sa mémoire par elle-même, avec des photos, ou des films qu'elle aimait voir, ce genre de choses. L'émotion risquerait d'être trop forte si elle se souvient de tout en même temps, surtout concernant son mari et son fils. » Puis il le salua et quitta la pièce avec les infirmières. Pourquoi ne m'avait-il rien dit à moi? Je vis Max revenir vers moi. Nous étions à nouveau seuls. « Qu'est-ce-qui se passe..? J'ai quelque chose...? Pourquoi il t'a parlé à toi et pas à moi? » Je le regardais, toujours sans trop comprendre...

Son regard était plein d’incompréhension. Je me sentais perdu face à elle. Pourtant, j’étais là pour la rassurer, la prendre dans mes bras si elle en ressentais le besoin, … Quand elle me dit qu’elle ne se souvenait de rien, j’étais tellement surpris. Cela devait sûrement être du à son réveil. Elle allait retrouver la mémoire d’ici très peu de temps. Je ne me stressais donc pas trop. « Ce n’est pas grave, Caitleen. Je suis Maximillian. Retiens juste ça. C’est déjà une bonne chose. ». Je lui souris dans le seul but de la rassurer un peu. Je tenais toujours sa main, j’y étais attaché. Je n’avais aucunement envie de la lâcher. Mais sa question suivante me fit sourire. Elle me demandait si nous étions mariés. Je regardais nos mains, l’une au – dessus de l’autre. Vu comme cela, c’était tellement mignon. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais d’une traite, j’enlevais ma main de la sienne. « Euh non, pas du tout. On va dire que je suis une de tes connaissances. ». Je n’avais eu qu’une seule petite amie de toute ma vie. Celle – ci m’avait d’ailleurs brisé le cœur en me trompant avec mon meilleur ami. Classique allez – vous me dire, je sais. Enfin bref, tel n’est pas la question. Je m’excusais rapidement en lui jetant un regard avant le récupérer sa main. Qu’avais – je fait ? Pourquoi je l’avais lâchée ? Cela faisait trois mois, trois mois que je venais ici tous les jours, que je passais littéralement tout mon temps ici. Oui, dès qu’il était midi, j’allais à la cafétéria et me mettais dans un coin où je ne pouvais déranger personne. C’était devenu mon habitude, je ne faisais strictement rien d’autre de la journée que ça. Mon frigo était vide, je devais peut – être avoir un yaourt périmé au fin fond. Ma psy aurait vu ça, elle se serait certainement inquiétée de mon état mental de santé. Pourtant, j’allais très bien.

Le médecin et les infirmières furent très rapidement dans la chambre. A croire qu’un miracle s’était produit. Il y a de ça quelques semaines, ils m’avaient dit qu’il y avait de moins en moins de chance qu’elle se réveille. Cela allait tenir du miracle. J’avais, cependant, continué à y croire. Elle n’avait plus personne pour elle. Son mari et son fils étaient décédés. Elle n’avait pas pu assister à leur enterrement. Je m’y étais rendu pour la représenter. Cela avait été très touchant. Je lui avais d’ailleurs tout raconté en lui rendant visite quelques heures par après. Enfin bref, Caitleen fut examinée et ils lui posèrent quelques questions. Elle ne se souvenait strictement de rien. Le médecin demanda à me parler. Toutes ces personnes me prenaient comme la personne responsable de la belle, son mari ou je ne sais quoi. Je la connaissais à peine. Je n’avais pas eu le temps de faire grandement connaissance avec elle. J’étais incapable de vous donner le nom de son parfum préféré ou encore celui de son film. Mais j’essayais de tout gérer en bon père de famille comme on dit au Canada. J’écoutais donc son petit laïus. Je m’attendais à plein de choses mais certainement pas à ça. Je mis quelques temps à réfléchir aux réactions à avoir face à elle. Je regardais donc le médecin et entrepris une discussion avec lui. Je lui racontais le peu que je connaissais à son propos, lui demandait des conseils sur la façon de faire, … Il n’avait pas vraiment de réponse à me donner. Il me disait de le faire au feeling, comme je le sentais. J’étais à peine revenu auprès de Caitleen qu’elle me posa plein de questions. « Il m’a donné quelques petits détails sur ton état de santé. ». J'avais essayé de minimiser tout cela un maximum. Que lui dire sur le fait qu’il me parle à moi plutôt qu’à elle ? « Il m’a parlé car je suis la seule personne qui est venue te voir tous les jours à toutes les visites depuis le début. Je pense qu’il me considère comme la personne responsable de toi. ». A présent, je lui faisais plein de petites doudouces sur la main à l’aide de mon pouce.

« Ce n’est pas grave, Caitleen. Je suis Maximillian. Retiens juste ça. C’est déjà une bonne chose. » Je me sentais mal. Il semblait me connaitre et je ne savais absolument pas qui il était. Cela devait le déstabiliser - au moins tout autant que moi - et peut-être même le blesser. J'ignorais qui il était, qui nous étions l'un pour l'autre, ce qu'il pouvait penser ou ressentir à l'heure actuelle. Est-ce-que je lui faisais de la peine? Etions-nous mariés? Amis? Cousins? Frère et soeur? « Euh non, pas du tout. On va dire que je suis une de tes connaissances. » Il avait toujours ma main dans la sienne jusqu'à ce que je lui demande si nous étions mariés. Il semblait me connaître, il était là à mon réveil, j'avais une bague à mon doigt... Je ne pouvais que supposer être son épouse. Dans mon état de toute façon, je ne pouvais que supposer, faire des présomptions. J'étais incapable d'affirmer quoi que ce soit avec certitude. Mais en sentant sa main me lâcher suite à ma question, je compris que j'avais peut-être dit n'importe quoi. Mince... Qu'avais-je dit comme bêtise? Oh... Nous n'étions que de simples connaissances... Mais... Pourquoi était-ce une de mes connaissances qui se retrouvait à mon chevet et non un ami ou un membre de ma famille? Je n'avais peut-être plus personne. Il reprit ma main et je souris doucement. Il n'était pas blessé ou vexé, finalement? Je devais avouer que ça me rassurait, surtout que les infirmières et le médecin entraient déjà dans la pièce...

Après quelques examens "basiques", le médecin prit Maximillian à part. Pourquoi? Que se passait-il? J'étais apte à entendre ce que j'avais quand même! Pendant que Max parlait avec le docteur, les infirmières m'aidèrent tout de même à m'asseoir un peu, pour que je sois installée de façon un peu plus confortable. Elles m'informèrent qu'il fallait que je me repose encore un peu, que je prenne le temps de bien me poser et que je ne devais surtout pas forcer. Elles ajoutèrent que si j'avais besoin d'aide pour quoi que ce soit, Maximillian pourrait m'aider ou je pourrais les appeler pour qu'elles viennent. « Il m’a donné quelques petits détails sur ton état de santé. » Ma main se retrouvait déjà dans la sienne. Il continua: « Il m’a parlé car je suis la seule personne qui est venue te voir tous les jours à toutes les visites depuis le début. Je pense qu’il me considère comme la personne responsable de toi. » Je regardai devant moi un instant. La seule personne à être venue me voir? « Je... Je ne suis pas sûre de comprendre... Je n'ai plus de famille, ou... Ou d'amis? » Et bien oui, il était une connaissance alors pourquoi lui et personne d'autre? Je reposai mes yeux sur lui: « Pourquoi t'as fais ça...? On se connait au moins...? Je veux dire... T'étais pas obligé alors... Je sais pas... » Je soupirai doucement en baissant les yeux. J'ignorais quoi dire, quoi faire. « Merci... je crois... » Je me sentais tellement perdue! Que s'en était agaçant! « J'avais des affaires personnelles sur moi? Est-ce-que... je pourrais les voir s'il te plait..? » Et attendez... ça faisait combien de temps que j'étais là au fait? « Je suis désolée de t'harceler de questions mais... Je suis là depuis combien de temps? » Cela m'ennuyait de lui poser tant de questions! Il avait peut-être bien mieux à faire que rester là, à côté de moi, à garder ma main dans la sienne sûrement dans le but de me rassurer...

Je savais qu’elle avait un mari et un fils. Mais qu’en était – il de ses parents ? Avait – elle des frères et sœurs ? Si je ne savais rien sur sa famille, je ne vous parle pas de ses amis. Je n’en avais strictement aucune idée. J’avais croisé sa meilleure amie plusieurs fois…

Flashback

C’était un jour comme les autres. Cela faisait 6 semaines que Caitleen était dans le coma. 6 semaines que je venais tous les jours la voir, que je passais tout mon temps dans cet hôpital dans le simple but d’être auprès de l’inconnue le jour où elle se réveillerait. Oui, ma vie n’était que la longue attente qu’une inconnue se réveille. Cela faisait aussi 6 semaines que je voyais la même personne assise dans le couloir. De temps en temps, elle pleurait. A d’autres moments, elle restait enfermée dans son bouquin. J’avais pu voir différentes émotions chez elle. Mais je devais savoir pourquoi elle était là. 6 semaines à se regarder, à se dévisager, à se demander qui était l’autre personne. Etait – elle là pour la même raison que moi ? Attendait – elle aussi qu’un étranger se réveille ? « Bonjour ! » lui dis – je assez timidement un matin. Elle était bien souvent présente avant moi. « Bonjour » me répondit – elle. Mais que lui dire ? « Cela fait 6 semaines jour pour jour que je vous vois dans ce couloir une très bonne partie de votre journée. ». Je lui avais souris. « Oui, moi aussi. Elle va bien ? ». Mais de qui me parlait – elle ? Le franc était tombé quelques secondes plus tard. Elle me demandait des nouvelles de Caitleen. « Caitleen va comme elle peut. Elle est toujours dans le coma. Plus les jours passent moins il y a de chance… ». Je ne connaissais pas cette jeune fille. « Mais, excusez – moi, qui êtes vous pour elle ? ». Je la regardais interloqué. « Je suis … je suis … ou devrais – je dire j’étais ? ». Je la voyais qui ravalait ses larmes pour ne pas me les montrer. « Sa meilleure amie. ». Je comprenais maintenant mieux la raison de sa venue à l’hôpital tous les jours. Contrairement à moi, elle la connaissait. « Oh, je suis désolé. ». Je la pris délicatement dans mes bras. Je détestais voir d’autres personnes pleurer. « Mais pourquoi ne voulez – vous pas entrer dans la pièce ? ». Elle me regardait alors, se lâchant de mon étreinte. « Je … je n’y arrive pas. C’est tout… ».

Maintenant

Depuis ce jour, je lui donne des nouvelles de Caitleen. Elle venait tous les deux jours. J’avais parlé avec elle plusieurs fois. Je pense qu’elle avait réussi à reprendre sa vie en main, à retourner travailler. Je lui avais promis de lui envoyer un message ou de lui téléphoner si quelque chose se passait. Bien entendu, je n’avais pas encore eu le temps de faire tout cela aujourd’hui. Je préférais m’occuper de la belle d’abord. « Je ne connais pas grand chose de ta vie, Caitleen. Je ne sais pas. J’ai vu ta meilleure amie tous les jours depuis le début. Mais là, elle n’a pas su venir aujourd’hui. Tu veux que je la prévienne de ton réveil maintenant ? ». Je lui souriais, essayant de la rassurer un maximum même si je ne l’étais pas moi – même… « Je suis là parce que je me sentais responsable de toi. Je ressentais le besoin de passer tout mon temps avec toi. Je viens ici depuis le début. Les horaires de visite sont très stricts mais je n’en manquais pas une seconde. Le temps de pause entre les deux visites de la journée, je le passais à la caféteria. Tu n’imagines même pas l’état de mon frigo… ». J’essayais, tant bien que mal, de faire un peu d’humour histoire de détendre l’atmosphère. Voilà qu’elle me parlait de ses affaires personnelles. Ce n’était certainement pas le moment qu’elle regarde tout cela : son porte feuille avec des photos de sa famille, son téléphone portable avec plein de souvenirs, … Je préférais alors lui mentir, à contre – cœur. « Je ne sais pas. Je pense que tu ferais mieux de demander aux infirmières. ». Voilà maintenant que venait cette terrible question : depuis combien de temps était – elle là. Comment lui dire qu’elle avait raté trois mois de sa vie ? « Cela fait trois mois aujourd’hui pile. Trois mois que tu es ici, allongée, dans le coma. ». Je fis une étreinte sur sa main pour lui montrer que j’étais là.

Je me retrouvais là comme une idiote, sans rien connaître de personne. Ni de Maximillian, ni de moi, ni de personne. « Je ne connais pas grand chose de ta vie, Caitleen. Je ne sais pas. J’ai vu ta meilleure amie tous les jours depuis le début. Mais là, elle n’a pas su venir aujourd’hui. Tu veux que je la prévienne de ton réveil maintenant ? » Oh... Je n'étais donc pas toute seule finalement. C'était peut-être un "détail" mais moi, ça me rassurait beaucoup. Je n'étais ainsi donc pas un cas social, sans famille ni amis. Je pouvais donc déduire que j'étais un minimum sociable et c'était vraiment un bon point. Je secouai légèrement la tête. Je n'avais pas envie de voir une autre personne que je ne connaissais pas, j'étais pas prête pour ça. Et si elle était ma meilleure amie, apprendre que j'étais réveillée risquait de la faire venir à l'hôpital. Du moins le présumais-je. « Non je préfère pas... Jsuis pas encore prête pour ça... » Je lui avais demandé pourquoi il était venu. Si on ne se connaissait pas plus que ça, pourquoi venait-il me voir, pourquoi passait-il son temps  à l'hôpital depuis le début?

« Je suis là parce que je me sentais responsable de toi. Je ressentais le besoin de passer tout mon temps avec toi. Je viens ici depuis le début. Les horaires de visite sont très stricts mais je n’en manquais pas une seconde. Le temps de pause entre les deux visites de la journée, je le passais à la caféteria. Tu n’imagines même pas l’état de mon frigo… » Je ne comprenais pas. Vraiment pas. « Tu te sentais responsable de moi? Comment ça...? » Je crois qu'il avait essayé de me faire rire en me parlant de l'état de son frigo. Mais je n'avais guère envie pour être franche. Je souris doucement cependant. Mais je me sentais aussi coupable. Il avait passé tout son temps avec moi alors qu'il ne me connaissait pas, quitte à négliger son appartement, ou sa maison? Et moi, je ne me souvenais de rien. C'était vraiment pas cool de ma part et je m'en voulais de ne rien pouvoir lui donner en retour, si je puis dire. Même si je ne pouvais pas contrôler ma mémoire, je me sentais coupable et c'était comme ça.

« Je ne sais pas. Je pense que tu ferais mieux de demander aux infirmières. » Il ne savait pas si j'avais des affaires personnelles ou encore où elles étaient? Je regardais autour de moi et vis une armoire. J'étais seule dans la chambre donc s'il y avait quelque chose dedans, c'était forcément à moi, non? « Est-ce-que... ça te dérangerait de regarder dans l'armoire là, s'il y a quelque chose..? » Je lui en demandais beaucoup, je pouvais comprendre. Mais j'ignorais si j'allais être apte à me lever. Et si j'essayais après tout? Oui, j'essaierais dans une minute. Le temps de me concentrer un peu. « Cela fait trois mois aujourd’hui pile. Trois mois que tu es ici, allongée, dans le coma. » Trois mois? Trois mois que j'étais là? Déjà? Waouh... Je soupirais doucement. « Est-ce-qu'on était ensemble quand j'ai eu mon accident..? Et... C'était quoi au fait? Il m'est arrivé quoi exactement? » Je le regardai avant de détourner les yeux et de vérifier la distance qui me séparait de l'armoire. Puis je retirai ma main de celle de Maximillian pour tenter de me lever...

Elle n’était vraisemblablement pas prête pour revoir sa meilleure amie. Pourquoi ? Elle avait peur de la vexer à ne pas la reconnaître ? Pourtant, cela pourrait être un élément déclencheur pour retrouver la mémoire… Mais était – ce une bonne idée que de la retrouver ? Cela lui ferait certainement plus de mal que de bien. Qui allait lui annoncer tout cela, d’ailleurs ? Un psychologue, certainement. Ou une psychiatre ? Allaient – ils la mettre sous médicament ? A ce moment bien précis, je me promis de faire attention à elle. Je n’allais pas laisser les médecins faire n’importe quoi. Je me devais de faire attention à elle. Cependant, j’avais promis à sa meilleure amie de la contacter. Ce serait donc la première chose à faire une fois que je serai seul. Je ne savais pas comment aller se passer les prochaines heures. Caitleen voudrait – elle que je reste à son chevet ? Préférerait – elle que je rentre chez moi pour la soirée ? Ne voudrait – elle ne plus jamais me voir ? C’était une possibilité à envisager. Je respecterai son choix mais cela s’avérerait vraiment très compliqué. Je m’étais attaché à elle jour après jour. Je ne voulais aucunement la quitter, la perdre de vue…

« Je me sentais… Euh … sens responsable de toi parce que j’étais là quand l’accident est arrivé. Je suis celui qui t’a tenue éveillée quelques heures durant. Je n’ai pas énormément de famille. Les amis, je ne t’en parle même pas. Mais quand je t’ai rencontrée, j’ai senti que je devais rester avec toi, veiller sur toi. » En gros, prendre la place du mari le temps qu’il fallait. Je la laisserais faire son bout de chemin par après. C’est alors qu’elle me demanda d’aller dans l’armoire vérifier si ses affaires n’y étaient pas. Je savais qu’elles y étaient mais il fallait cacher cela encore quelques temps, quelques heures voire quelques jours. Je ne la sentais pas prête à savoir ce genre de chose. « Je regarderai tout à l’heure en partant, d’accord ? ». Elle me demandait de plus en plus de détails. Il fallait en arrêter là pour aujourd’hui, je devais partir. Il fallait que je la laisse avec ses questions, elle en savait bien assez pour aujourd’hui… « J’étais à côté de toi lors de l’accident, oui. Il y a eu un tremblement de terre au centre commercial. ». Je la regardais alors avec un regard en coin. Il fallait que je parte, vite une excuse pour partir. Je réfléchissais quand, tout à coup, elle entreprit de se lever. Je n’étais pas médecin mais je me doutais que se lever après 3 mois sans bouger était très mauvais. Je fis donc le tour du lit dans le but de l’en empêcher. Je me mis devant elle afin qu’elle ne puisse se lever. « Non, tu restes dans le lit ! Je refuse que tu le quittes ! ». Je lui avais lancé un regard méchant et ne lui avais pas parlé très gentiment. « Euh … Je suis désolé. Je ferai mieux d’y aller, je pense ! ». Je pris mon Macbook qui traînait sur le sol et me dirigeais vers la porte.

Non, je n'étais pas prête à voir celle qui était ma meilleure amie. Je n'étais pas prête, je n'étais pas sûre de vouloir me servir des gens que je connaissais pour tenter de retrouver la mémoire. Pas maintenant dans tout les cas. Les photos ou mes affaires personnelles feraient l'affaire pour le moment, juste le temps de reprendre mes esprits, quelques heures ou quelques jours. J'ignorais combien de temps je mettrais et j'ignorais même combien de temps je mettrais avant de pouvoir sortir de l'hôpital. « Je me sentais… Euh … sens responsable de toi parce que j’étais là quand l’accident est arrivé. Je suis celui qui t’a tenue éveillée quelques heures durant. Je n’ai pas énormément de famille. Les amis, je ne t’en parle même pas. Mais quand je t’ai rencontrée, j’ai senti que je devais rester avec toi, veiller sur toi. » Je le regardais. Comment réagir lorsqu'un étranger vous disait une telle chose? C'était rassurant. Je crois... Il était resté avec moi pendant l'accident et il était également resté avec moi pendant ces trois derniers mois... Et je ne pouvais pas me sentir plus coupable que ça finalement puisqu'il n'avait pas l'air d'avoir grand monde d'après ses propres dires. Alors dans un petit sourire, sans le lâcher des yeux, je murmurais un petit: « Merci... pour tout... », plutôt timidement. « Je regarderai tout à l’heure en partant, d’accord ? » J'aurais pu me contenter d’acquiescer mais je n'avais pas envie d'attendre. Ni même qu'il parte d'ailleurs, je crois... « J’étais à côté de toi lors de l’accident, oui. Il y a eu un tremblement de terre au centre commercial. » C'était donc ça... Un tremblement de terre...? Je ne pus m'empêcher de demander: « Est-ce-qu'il y a eu beaucoup de victimes...? » J'étais chanceuse d'être en vie et je ne pouvais pas imaginer ce que les familles des victimes qu'il y avait peut-être eues ont du supporter suite à ce drame. J'étais loin de me douter que je faisais moi-même partie de ces familles de victimes...

J'entrepris alors finalement de me lever, histoire d'aller voir moi-même plus rapidement dans l'armoire si mes affaires personnelles y étaient. « Non, tu restes dans le lit ! Je refuse que tu le quittes ! », me dit-il assez sèchement et son regard s'était fait dur, méchant. Il avait fait le tour du lit pour se poser devant moi et m'empêcher de me lever. Mais... qui était-il pour me parler de cette façon? Et si j'avais envie d'aller aux toilettes? Je devrais demander l'autorisation peut-être? Je soupirais profondément en détournant les yeux. Malgré tout, je n'osai pas dire quoi que ce soit. Il était là, auprès de moi, moi l'inconnue que j'étais pourtant à ses yeux, et ce depuis trois mois. Comment lui en vouloir au fond, de vouloir m'empêcher de me lever...? « Euh … Je suis désolé. Je ferai mieux d’y aller, je pense ! » J'aurais pu le laisser partir. Mais en vérité, je n'avais pas envie de me retrouver seule. Le soir commençait déjà doucement à tomber. « Non, restes! S'il te plait... J'ai pas envie de rester seule... » Je le regardais parce qu'il me tournait le dos. Mais ça me faisait bizarre de demander à ce parfait étranger de rester avec moi. « Je... Tu crois que tu pourrais rester avec moi cette nuit...? » Les médecins ne seraient sûrement pas contre. Il ne fallait pas trop me perturber, me brusquer. J'avais de drôles de sensations mais je n'en parlerais pas. Je le regardais toujours, espérant qu'il accepterait de rester avec moi. J'avais vraiment besoin d'être avec quelqu'un, de parler de tout et de rien. Juste... Ne pas être seule et il était ma seule attache pour le moment. « Parles moi de toi...? » J'avais envie d'essayer d'apprendre à le connaitre, cet homme qui était resté prêt de moi et tentait de me rassurer depuis le début.

C’est alors qu’elle me remercia de tout ce que j’avais fait pour elle jusqu’ici. J’en fus vraiment très touché. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je restais stoïque, ne sachant pas vraiment que dire ni que faire. C’est alors qu’elle me parla de l’accident. Elle voulait de plus en plus de détails. J’avais suivi les informations de façon assez assidues. J’avais été touché personnellement et cela me semblait normal. Je la regardais alors. Très peu de personnes avaient survécu à ce tremblement de terre. Sur 200 victimes présentes, 39 avaient survécus. Nous faisions tous les deux partie des miraculés en quelques sortes. J’espérais tellement qu’elle ne me pose pas de question sur son mari ou encore sur son fils. Je ne voulais pas le lui annoncer, pas maintenant. Mais elle ne se souvenait plus d’eux. Alors, comment pouvait – elle penser qu’elle avait un mari ? « Il y a eu énormément de victimes. 200 personnes étaient présentes lorsque le tremblement s’est passé. 39 ont survécu. ». Je sentais les larmes monter aux yeux. Je ne voulais pas qu’elle voie ça. Je tournais donc la tête quelques secondes le temps de reprendre mes émotions. Souffler un bon coup, cela ne pouvait que me faire du bien… La journée avait été rude en émotions et elle n’était pas finie.

« Non, reste! S'il te plait... J'ai pas envie de rester seule... » Je fus, littéralement, bluffé. Je venais de m’énerver sur elle et elle me demandait de … rester ? Mais qu’attendait – elle de moi ? Que devais – je faire ? J’étais complètement perdu, sachant à peine comment réagir ou même comment me comporter. Je me dirigeais tout de même vers la porte. Peut – être qu’elle me demandait simplement cela par politesse. C’est alors qu’elle me demanda de rester dormir ici, avec elle. Cette fille continuait de m’étonner. Je regardais la petite chaise que j’avais rapproché du lit afin d’être près d’elle. Cette chaise que, depuis trois mois, je rapprochais d’elle. Je n’avais jamais pensé dormir sur cette chose. Mais j’allais le faire, j’allais le faire pour elle, pour ne pas la déstabiliser. Mais aussi parce qu’elle avait droit à un peu de bonheur après tout cela… « Tu veux que … je dorme ici ? … Avec toi ? ». Je la regardais alors avec un regard incompris. « Pas de problème pour moi. J’irai voir les infirmières afin de voir s’il n’y a pas de problème pour elles. ». J’entrepris alors de m’asseoir sur la dite chaise. Je ne repris pas sa main. Je voulais que ce geste vienne d’elle. Je n’avais pas envie qu’elle me voie comme un être envahissant, ce que je n’étais pas. Elle voulait que je lui parle de moi. Mais que lui dire ? Je n’avais pas vraiment de vie, en fait. « Et bien, je m’appelle Maximillian. Mais ça, tu le sais déjà. Et je suis écrivain. ». Je la regardais alors les yeux pétillants. « Dis-moi plutôt ce que tu veux savoir de moi. ». Je souriais béat. L’infirmière entra dans la chambre avec un plat pour Caitleen. Mon ventre gargouilla à ce moment là. Je n’avais pas encore eu le temps de me rendre à la cafétéria chercher mon plat chaud de jour. J’allais encore attendre quelques temps avant d’aller chercher tout cela.

« Il y a eu énormément de victimes. 200 personnes étaient présentes lorsque le tremblement s’est passé. 39 ont survécu. », me répondit-il. Si peu de survivants...? Le tremblement de terre avait dû être énorme... Terrifiant... Et sans aucun doute destructeur. Je le vis détourner les yeux. Je me doutais qu'il avait de la peine pour toutes les victimes. Je baissai un instant mon regard, me demandant dans quel état était le centre commercial, ce que toutes ces personnes avaient vécu... Je tentais de me souvenir de ce qu'il s'était passé. Un geste, un visage, une sensation. Je cherchais à retrouver quelque chose, un détail mais malgré tout quelque chose. Je soupirai. Rien ne me revenait. C'était peut-être pas encore le moment. « Tu veux que … je dorme ici ? … Avec toi ? » Je comprenais que ça devait l'étonner. J'ignorais moi-même pour quelles raisons exactes je lui demandais de rester. Je savais juste que je n'avais pas envie d'être seule et qu'à part lui... je n'avais personne. De plus, la nuit commençait à tomber et... Tiens. Avais-je peur du noir? De quoi avais-je peur d'ailleurs, avant? Encore des questions qui n'auront sans doute pas de réponse de si tôt. « Pas de problème pour moi. J’irai voir les infirmières afin de voir s’il n’y a pas de problème pour elles. » Je souris doucement. Par chance, il ne semblait pas être prêt à me laisser tomber. Ce que c'était rassurant! Je ne le connaissais peut-être pas, j'ignorais tout de moi et de mon passé, mais au moins, je pouvais m'estimer heureuse de l'avoir à côté de moi depuis mon réveil. Depuis même bien plus longtemps que ça, finalement, même si je ne m'en étais jamais rendu compte. Que dire de plus? Il était sans doute une sorte de pilier pour moi. Une sorte de bouée de sauvetage. Alors le fait qu'il accepte de rester avec moi pour la nuit ne pouvait que me rassurer. Il se rassit à côté de moi, sur la chaise. Je ne le laisserais pas dormir là... Non, bien sûr que non.

« Et bien, je m’appelle Maximillian. Mais ça, tu le sais déjà. Et je suis écrivain. » Écrivain? Waouh. Ce devait être très intéressant comme boulot. « Dis-moi plutôt ce que tu veux savoir de moi. » Je souris en le regardant. Je n'osais pas encore bouger, je voulais d'abord prendre le temps de lui parler, de voir à qui j'avais à faire. Et puis, nous serons bien assez proche tout à l'heure, lorsque je lui dirais ce que j'avais à lui dire. Alors pourquoi prendre sa main maintenant? Cela ne changerait rien. « Qu'est-ce-que tu écris? Je trouve ça intéressant. » Je souriais. C'était un détail, c'était une sorte de banalités mais ça me faisait déjà du bien de lui parler. L'infirmière entra pour déposer un plat devant moi. Je la remerciai. Pour être franche, je n'avais pas faim. Et j'entendis que Maximillian n'avait pas encore dû aller chercher son repas. Je regardais l'infirmière en lui demandant si Maximillian pouvait rester. C'était une de celles qui étaient venues quelques instants auparavant et elle n'hésita pas longtemps avant de dire que oui, c'était possible. Elle savait très bien que c'était une bonne idée et que ça valait mieux comme ça. Puis elle quitta la pièce, nous laissant à nouveau seuls. Je regardai le plat un instant avant de le rapprocher de Maximillian: « Tu dois avoir faim... Et moi non alors... » Oui, je lui donnais mon repas. On aurait pu le partager, mais je n'avais guère l'envie de manger pour le moment. « Tu as commencé à écrire à quel âge? » Je repris les questions banales en le regardant, avec un petit sourire.

Finalement, tout se déroulait bien. Elle était attentive à moi. Je ne connaissais pas grand chose sur son caractère ni sur elle. Et je n’allais probablement jamais connaître son passé. Mais était – ce important ? Ne fallait – il pas vivre dans le présent et arrêter de se projeter dans l’avenir. Ce tremblement de terre m’avait appris que je devais vivre au jour le jour et profiter de chaque minute. Nous ne savons pas de quoi sera constitué le lendemain et encore moins des personnes qui seront encore là. Ma grand – mère était décédée du jour au lendemain sans que je ne m’y attende. Je l’avais perdue alors qu’elle était simplement à l’hôpital pour des examens pour son pied. Cette perte avait été terriblement pénible. Elle était un des seules personnes de qui j’étais proche. Vous ne pouvez pas savoir ce que je ferai pour pouvoir repasser une journée avec elle… Enfin bon, tel n’est pas la question.

Caitleen voulait savoir ce que j’écrivais. « J’ai écrit La boîte aux lettres anonyme, Les 400 coups et Coup de foudre à Central Park. Ils ont tous des styles très différents. Cela va du thriller au roman à l’eau de rose en passant par le policier. Je n’ai pas vraiment de genre. J’aime changer. Si tu veux, je peux t’en apporter un la prochaine fois que je viens. Dis – moi juste ce que tu penses préférer. Lequel t’inspire. ». La prochaine fois, oui, la prochaine fois. Je ne savais pas si j’allais continuer à la voir tous les jours. Si elle allait vouloir que je revienne. Si elle préférait rester seule. Si elle voulait modérer mes visites. Si elle me supporterait. Toutes ces questions qui restaient sans réponse. Je ne savais rien. Mais j’essayais de savourer l’instant présent. Je lui souriais doucement. J’avais envie de la détendre, de lui faire penser à d’autre chose que le fait qu’elle est restée dans le coma pendant trois mois sans aucune autre visite que moi – même. L’infirmière entre dans la chambre. Je me levais pour disposer la table devant Caitleen. J’essayais qu’elle soit dans la meilleure posture pour manger. Je lui redressais doucement la partie où son dos était dans le lit pour qu’elle puisse manger dans la meilleure posture possible. C’est alors qu’elle entreprit de me donner son repas. Elle avait certainement dû entendre mon ventre. « Oh, Caitleen. Je pense que c’est mieux si tu manges. Cela permettra certainement à ton corps de prendre des forces. Tu veux que l’on partage ? ». Peut – être qu’elle n’aimait pas ce repas. Après trois mois sans avoir goûter de la nourriture, peut – être voulait – elle quelque chose en particulier ? « Tu veux que j’aille te chercher une pizza quelque part ? Ou qu’on la commande ? ». Je préférais largement qu’elle mange. Alors, si elle n’aimait pas, je trouverais une autre solution. « J’ai commencé à écrire à l’âge de 10 ans. C’était de petites histoires. Mon premier roman est venu vers l’âge de 15 ans. L’écriture m’a toujours passionnée. »

« J’ai écrit La boîte aux lettres anonyme, Les 400 coups et Coup de foudre à Central Park. Ils ont tous des styles très différents. Cela va du thriller au roman à l’eau de rose en passant par le policier. Je n’ai pas vraiment de genre. J’aime changer. Si tu veux, je peux t’en apporter un la prochaine fois que je viens. Dis – moi juste ce que tu penses préférer. Lequel t’inspire. » Je souris un peu plus, bien que timidement. La prochaine fois qu'il viendrait... Cette idée me plaisait assez. Le revoir... Oui, j'étais tout à fait d'accord pour le revoir. Comment refuser de revoir la première personne que j'avais vue à mon réveil, la seule personne à mes côtés? Alors, quel livre choisir? En y réfléchissant bien, je crois que le romantisme était une assez une bonne idée. Un roman à l'eau de rose était sûrement un bon choix. Je dis doucement, avec toujours un sourire timide aux lèvres: « Coup de foudre à Central Park... ça me semble bien. » Puis l'infirmière arriva et nous interrompit.

Maximillian installa la petite table devant moi et m'aida à adopter une position confortable pour manger. Comment le remercier? Ce n'étaient que de petites attentions mais n'empêche que c'était toujours ça. Cependant, je n'avais pas faim et une fois que l'infirmière fut sortie, je mis le repas vers Maximillian pour lui dire qu'il n'avait qu'à manger. « Oh, Caitleen. Je pense que c’est mieux si tu manges. Cela permettra certainement à ton corps de prendre des forces. Tu veux que l’on partage ? » Je souris doucement. Je n'avais déjà pas faim comme ça mais en voyant la tête du repas, ça ne me donnait guère plus envie de manger. Pour un premier repas, l'offre qu'il me fit par la suite me semblait être une bien meilleure idée. Une pizza... Quel goût pouvait bien avoir une pizza déjà? J'hochai légèrement la tête en lui répondant: « D'accord pour une pizza... Mais si tu la commandes... » Je n'avais pas envie qu'il parte et encore moins qu'il se déplace pour moi, pour une sorte de caprice. Je le laissai commander la pizza tranquillement avant de lui poser des questions sur son écriture.

« J’ai commencé à écrire à l’âge de 10 ans. C’était de petites histoires. Mon premier roman est venu vers l’âge de 15 ans. L’écriture m’a toujours passionnée. » Je souris. Je trouvais ça bien de voir quelqu'un de passionné et qui pouvait vivre justement de cette passion. « Et ça marche..? Je veux dire, tu arrives à vivre de ton écriture? Je trouve ça cool. » Le livreur de pizzas apporta ce que nous avions commandé et je pus goûter et redécouvrir à nouveau le goût d'une pizza. Délicieux. « C'est super bon... » Le temps passait. La nuit tombait. J'hésitai à lui demander ça. Mais il fallait bien. Je n'allais pas le laisser dormir sur une chaise très peu confortable. « Tu... Si je te fais de la place, tu pourrais dormir avec moi... » Ce devait paraître étrange, et peut-être quelque peu gênant. Mais je me mis de côté. Et puis s'il me prenait contre lui, dans ses bras, il y aurait assez de place pour deux. Ce serait toujours plus facile et plus confortable comme ça que si je le laissais dormir sur la chaise...

Elle optait pour Coup de foudre à Central Parc. Elle voulait une histoire d’amour à l’eau de rose. Caitleen m’inspirait. J’avais envie d’écrire un livre là maintenant. Le livre que j’écrivais se basait un peu sur nos faits. D’ailleurs, j’avançais bien. Pour le plus grand bonheur de mon éditeur. Les échéances qu’il me donnait étaient respectées à 100 pourcents. Je lui envoyais tout par mail évitant de me déplacer un minimum entre chez moi et l’hôpital. « Pas de problème, je vais t’en donner un exemplaire dès que tu m’autorises à revenir te voir. ». Je ne voulais aucunement choisir la date de notre prochaine rencontre. C’était à elle de choisir, de voir ce qu’elle préférait. Je ne voulais pas m’imposer. « Sans m’imposer, bien entendu. Tu as peut – être envie d’être un peu seule, de ne voir personne. Je ne sais pas dans quel état d’esprit tu te trouves. Mais si tu veux parler, sache que je suis là pour toi. ». Voilà, comme ça, c’était dit ! Je ne voulais pas lui laisser des suppositions. Elle savait où j’en étais et c’était une bonne chose.

J’avoue que le repas ne semblait pas appétissant. Des espèces d’haricots à moitié cuits avec de la viande en forme de carton et des pommes de terre cuites à l’eau. « Oui … Je te comprends. Ce repas ne me tente pas non plus. ». Elle accepta ma proposition de pizza. J’étais fier d’avoir trouvé une si bonne idée. Je pris donc mon smartphone et composa le numéro de la pizzeria la plus proche. N’ayant rien dans mon frigo, je connaissais son numéro par cœur … « Allo. Bonjour Freddy, je vais te commander une pizza et demi. Je vais prendre ¾ d’une peperonni et une … Attend deux secondes. Caitleen, que veux – tu comme pizza ? Je te prends un hawai ? C’est avec des ananas dessus. ». J’attendais sagement sa réponse et commandait ce dont elle m’avait demandé. Les pizzas seraient là dans une quinzaine de minutes. Je lui avais donné le numéro de la chambre ainsi que le service. Pas sûr que tout ceci puisse se faire mais tant pis. C’était pour une bonne cause : lui faire avaler quelque chose.

« Oui, je vis de mon écriture. Mais je ne roule pas sur l’or. Je finis mes fins de mois comme je peux. Il m’arrive d’aller servir dans un bar tard le soir pour gagner de l’argent. Disons que c’est compliqué. Mais je fais ce que j’aime et c’est le principal. ». Oui, il m’arrivait même très souvent de travailler la dernière semaine du mois au bar. Je faisais des horaires de pas possible. Mais cela faisait trois mois que je ne leur avais pas donné signe de vie. Je devais sûrement avoir perdu ce job. Il allait falloir que je m’en trouve un nouveau. Cela n’allait pas être chose facile… Enfin bon, ce n’était pas mon soucis du moment. Les pizzas arrivèrent. Je payais directement malgré le peu de sous que j’avais. Mais ça, Caitleen ne le savait pas et c’était tellement mieux comme ça. « Plus que super bon. Ce sont les meilleures de Leeds, je te dis. ». Je souris doucement. Apparemment, elle n’avait pas envie de rire aujourd’hui. Je ne forçais donc pas dessus et essayais de garder mon sérieux. C’est alors qu’elle me proposa quelque chose d’invraisemblable : dormir avec elle. Je n’avais pas de petite amie. Le problème était donc déjà réglé de ce côté – là. « Euh … Oui. Mais tu ne penses pas que ce serait plus confortable pour toi si tu avais tout le lit ? Je veux dire, je peux me débrouiller avec la chaise. ». Oh zut, qu’avais – je dit ? Elle devait certainement le prendre mal alors que je voulais simplement qu’elle se sente au mieux. J’entrepris donc d’enlever mes chaussures et montais dans le lit. Je me débrouillais pour prendre le moins de place possible. Je ne savais pas où mettre mes mains ni même mes bras. « Bonne nuit, Caitleen. » lui murmurais – je dans l’oreille. Je mettais doucement mon bras à hauteur de sa taille afin d’y poser ma main.

« Pas de problème, je vais t’en donner un exemplaire dès que tu m’autorises à revenir te voir. » Dés que je l'autoriserais à revenir me voir? Ah oui... Il ne devait pas être sûr que je veuille le revoir... Mais en même temps, pourquoi refuserais-je de le faire revenir? Il était la seule personne que j'avais dans ma vie pour le moment. « Sans m’imposer, bien entendu. Tu as peut – être envie d’être un peu seule, de ne voir personne. Je ne sais pas dans quel état d’esprit tu te trouves. Mais si tu veux parler, sache que je suis là pour toi. » L'état d'esprit dans lequel je me trouvais... C'était quelque chose que moi-même je ne savais pas réellement. Allais-je bien? Mal? J'étais surtout complètement perdue. Je ne savais pas grand chose mais je savais que j'avais envie de le revoir. Je vais me répéter, mais il était la seule personne autour de moi... « Tu peux... Tu peux revenir quand tu as le temps... » En vérité, j'avais envie de lui dire de continuer à venir me tenir compagnie tous les jours mais je ne pouvais décemment pas lui demander de faire une telle chose. Il avait malgré tout sûrement sa vie et je ne voulais pas m''imposer. J'étais amnésique, et je ne voulais pas risquer d'être un boulet pour le jeune homme. « Oui … Je te comprends. Ce repas ne me tente pas non plus. » Je ris doucement. Au moins, nous étions d'accord sur l'apparence du repas. Lorsqu'il me demanda si je désirais une hawaïenne, je ne fis qu'hocher la tête. Franchement, ça m'était un peu égal. Alors oui, pourquoi pas. Il finit par raccrocher.

« Oui, je vis de mon écriture. Mais je ne roule pas sur l’or. Je finis mes fins de mois comme je peux. Il m’arrive d’aller servir dans un bar tard le soir pour gagner de l’argent. Disons que c’est compliqué. Mais je fais ce que j’aime et c’est le principal. » Quelque chose me disait que de nos jours, les temps étaient rudes. Un instinct, ou de la logique, qu'en savais-je mais en tout les cas, je faisais une nouvelle supposition. Avais-je raison, ou tort, je ne savais pas. Mais là n'était pas la question. Je souris en l'entendant malgré tout dire qu'il faisait ce qu'il aimait et que c'était le principal. Il avait tout à fait raison. « Plus que super bon. Ce sont les meilleures de Leeds, je te dis. », me dit-il suite à ma remarque disant que c'était super bon. Je souris. Je saurais où commander mes prochaines pizzas, en tout les cas. « Euh … Oui. Mais tu ne penses pas que ce serait plus confortable pour toi si tu avais tout le lit ? Je veux dire, je peux me débrouiller avec la chaise. » Je venais de lui proposer de me rejoindre sur le lit. C'était déjà assez difficile pour moi de lui proposer ça, puisqu'on ne se connaissait pas, et le fait qu'il me réponde ça me gêna un peu. J'avais peut-être fait n'importe quoi en lui disant une telle chose. Mais lorsqu'il enleva finalement ses chaussures, je souris doucement. Il s'allongea sur le côté et je lui fis de la place avant d'instinctivement me coller contre lui. J'étais également allongée de le côté, blottie comme je le pouvais contre le jeune homme. « Bonne nuit, Caitleen. » Je souris doucement et ne pus retenir un frisson lorsque son bras entoura ma taille. Très vite, les bras de Morphée m'emportèrent...

La nuit passait. Je dormais comme un bébé, rassurée contre Maximillian. J'avais dormis pendant trois longs mois et pourtant, j'étais sûre que tous ces jour de sommeil n'avaient pas été aussi reposants que cette nuit là. Jusqu'à ce fameux cauchemar. Ma mémoire qui me jouait des tours, sûrement. Je vis une dispute. Le mot "papa" franchissait mes lèvres. Je lui disais que je partais, que mon départ ne changerait rien pour lui... Une larme s'échappa et roula sur ma joue durant mon sommeil. Puis deux. Puis trois. C'était une scène triste. Je coupais les ponts avec celui qui était mon père. Je rouvris soudainement les yeux, rougis d'avoir pleurés. Etait-ce un souvenir ou mon imagination qui tentait de m'en créer par désespoir de cause? Je bougeai légèrement et regardai Maximillian, endormis à mes côtés... Je pris quelques secondes avant de bouger et de me lever, tentant de le laisser dormir. L'armoire... Il y avait forcément des affaires à moi là-dedans, si j'en avais sur moi le jour de mon accident... Je baissai les yeux et me dirigeai vers la fenêtre pour regarder dehors...

J’étais couché dans ce lit. Je mis longtemps à m’endormir. J’étais gêné de me retrouver dans le lit d’une veuve qui ne le savait pas. Je m’en voulais de ne pas le lui avoir dit même si ce n’était pas le moment. Je n’avais pas bougé d’un centimètre. Je ne savais pas où mettre mes mains ni mes bras. J’avais envie de la prendre complètement dans mes bras, de la faire dormir sur mon torse. Mais quelque chose faisait que je n’y arrivais pas. Quant à elle, elle se collait tout contre moi. Mais à quoi jouait – elle ? Enfin, elle ne savait rien. J’étais la seule personne qu’elle avait vue depuis son réveil. J’étais peut – être son seul équilibre. Mais j’aimais ça, j’adorais même… J’étais important pour quelqu’un et cela me changeait tellement. Ce fut sur ces bonnes pensées que je trouvais le sommeil une heure plus tard. Je fis attention à ce qu’elle s’endorme aussi. C’était important pour moi. Je voulais son confort avant le mien. Elle devait être bien et dans de bonnes conditions. C’était elle la malade, pas moi. J’avais pu vivre pendant trois mois contrairement à elle …

Il était 3 heures du matin lorsque je sentis du mouvement dans le lit. Je mis quelques minutes à me réveiller. Caitleen s’était levée. Elle regardait par dehors. Attend, elle s’était levée ? Toute seule ? Intérieurement, j’étais fâché. Je le lui avais refusé quelques heures plus tôt. « Caitleen ? Ca va ? ». Je me levais du lit et me rapprochais d’elle doucement. Je ne savais pas comment la prendre. Par la taille ? Par les hanches ? Me tenir juste à côté d’elle ? J’optais pour cette dernière solution. Je ne voulais pas l’envahir. Si elle avait besoin de sentir que j’étais là, elle pouvait toujours venir vers moi. Je vis alors les larmes couler sur son visage. Je détestais voir une femme pleurer. Ni une, ni deux, je la pris dans mes bras. « Ne t’en fais pas, tout va bien se passer. Tu as simplement fait un mauvais rêve. ». Je lui caressais doucement le dos dans le but de la calmer. Je n’étais pas des plus doué avec les femmes vu la seule copine que je n’avais jamais eu. « Que s’est – il passé ? De quoi es – tu rêvé ? ». Je la soutenais afin qu’elle ne sois pas debout toute seule. J’entrepris de la porter comme une princesse et la portais jusque dans son lit. J’essayais de l’installer du mieux que je pouvais. Quant à moi, je restais debout juste à côté d’elle. Je me doutais qu’elle allait me faire revenir dans le lit. Mais pas de suite, je voulais tout d’abord parler avec elle.

« Caitleen ? Ca va ? » Cela faisait déjà quelques minutes que je m'étais levée. Je regardai dehors en pensant à mon mauvais rêve. Etait-ce la réalité? Sincèrement, je n'en savais rien. Avais-je vécu ce que j'avais rêvé ou était-ce mon imagination? Si seulement je le savais... Et à qui demander ça? Je ne connaissais personne! La seule personne qui était là, à mes côtés, ne me connaissait pas! Maximillian ne pourrait jamais me répondre. De nouvelles larmes coulèrent le long de mes joues. Comment lui expliquer ce que je ressentais? Je ne savais même pas pourquoi je pleurais puisque je ne savais pas si cette fille dans mon rêve était vraiment moi. Je pleurais parce que... Parce que j'étais désolée pour cette fille mais au fond de moi, je ne ressentais rien. Du moins, pas comme si je me rendais compte, pas comme si j'étais sûre que ça m'était arrivée, que c'était ma propre existence. Que c'était un souvenir... Je ne répondis rien à Maximillian. Je voulais pas qu'il entende dans mes sanglots dans ma voix. Mais j'entendis le lit grincer légèrement. Il se levait déjà... Il ne tarderait pas à voir mes larmes. Je fixais l'extérieur, admirant la vue sur la ville. Il se posa à côté de moi et me prit soudainement dans ses bras. « Ne t’en fais pas, tout va bien se passer. Tu as simplement fait un mauvais rêve. » Il caressait mon dos. Et mes sanglots se firent un peu plus brillants alors que mes mains agrippèrent son t-shirt, ma tête posée contre son torse. Comment ferais-je s'il n'était pas là? Si j'étais réellement seule? Je crois que... je serais complètement perdue. Je l'étais déjà maintenant, malgré sa présence, mais je n'étais pas sûre que j'aurais pu gérer quoi ce soit si j'avais été complètement seule.

« Que s’est – il passé ? De quoi as – tu rêvé ? » Il se mit alors à me porter. Mais que faisait-il? Tant pis, je n'avais pas envie de poser trop de questions. « J'ai rêvé de... d'une ado qui me ressemblait et... et cette fille coupait les ponts avec lui mais hum... je ne sais si c'était moi, un souvenir ou que sais-je... Et c'est ça qui est dur... » Il me déposa sur le lit et j'essuyai alors mes joues et mes yeux. Je me mis à rire doucement et nerveusement: « Ce que je dois avoir l'air pathétique... » Je souris doucement à Maximillian en le faisant s'asseoir à côté de moi. J'étais assise sur le lit et je le regardais. « Tu sais... Je ne suis pas sûre de pouvoir supporter de retrouver mes souvenirs... Et en même temps, sans eux... J'ai l'impression de n'être rien... de ne pas avoir d'identité... » Je soupirai doucement. Ce que c'était compliqué. Je posai mes yeux sur lui. Il était attirant. Il était ma seule attache... « Dis moi... Est-ce-que... je t'ai dis ce que je faisais dans la vie, ou... quelque chose sur moi, n'importe quoi? Mon âge, mon boulot, ma vie,... Est-ce-que... J'ai un petit-ami...? » Je reposai mes yeux sur ma bague et je soupirai. « On dirait que je suis mariée... Je comprends pas... Où est mon mari dans ce cas?... » Je lui montrai la bague: « Y a forcément cet homme à quelque part, non...? » J'étais loin de me douter qu'il allait continuer à me mentir sur ce point là. Avait-il raison de le faire? Allez savoir...