Presque deux semaines se sont écoulées depuis la dernière fois que je me suis enfermé avec Edvin dans les toilettes. Deux semaines que je ne l’ai pas, qu’il m’évite et que je ne le cherche pas. En rentrant le soir même ou je l’ai vu pour la dernière fois, j’ai écrit cette fameuse lettre à laquelle j’avais pensé – pour laquelle j’avais même pleuré – Quand je l’entendais me dire que j’étais un monstre. C’était une lettre de suicide classique, parmi d’autre. C’est la première fois que j’exprimais réellement l’idée de ma mort sur papier même si j’y pensais tous les jours. Ça m’avait fait bizarre, ça m’avait fait mal mais en même temps c’était un soulagement parce que je savais que j’allais en finir bientôt. Que c’était fini de souffrir. Personne ne comprenait à quel point j’étais malheureux et ce depuis que j’étais enfant. Je suis le genre de personne que l’on déteste par nature juste parce que je fais mauvaise impression mais la vérité c’est que je n’ai jamais voulu qu’on me déteste, j’avais plutôt envie qu’on m’aime, j’ai toujours envie qu’on m’aime mais…C’est trop tard maintenant, je suis abîmé, mon esprit est abîmé, mon cœur l’est tout autant et mon corps…Mon corps est un désastre. Cicatrices, morsures, coups qui ne sont pas partis, os fragiles a force d’avoir été cassé. Je n’étais qu’un enfant et à l’école j’avais tellement honte de montrer mon corps quand on faisait du sport que ma stratégie était de pleurer et me débattre. Les professeurs pensaient que je n’étais qu’un gamin capricieux. Ils ne comprennent comme ça fait mal quand on me touche, comme c’est honteux d’avoir des traces de bleues partout. Je me déteste et ils renforcent ma haine envers moi-même encore et encore. Des années plus tard, à la fac, rien n’a changé. Tout le monde a peur de moi et me déteste parce que je ne suis pas sociable mais ils ne me connaissent pas. Ils ne savent pas que je suis épuisé entre le travail, les études et m’occuper de ma mère et ma sœur. Ils ne savent que je souffre. IL ne sait pas à quel point je l’aime. Lui, Edvin. Il me déteste tellement, il a raison. Je ne peux pas le blâmer pour ça. Il l’a dit, je suis un monstre. Mon dieu, je me sens encore sale, encore cassé. Ça fait pourtant plusieurs années que mon père a disparu, qu’il ne me bat plus mais mon corps me brûle encore. La seule fois où je me sens bien c’est quand Edvin est dans mes bras, que je le touche, que je lui fais l’amour. Je me sens bien parce que j’ai l’impression qu’il me rend mon amour mais c’est faux, je le sais. Il ne m’aime pas.

« Oh connard regarde la route ! » J’entends klaxonner. Merde, je viens de lui couper la route. Je grimace et ferme ma vitre niant totalement sa remarque avant d’entrer dans le campus et de garer ma voiture à la première place libre. J’en peux plus, je me sens tellement mal sans lui, tellement vide. Je frotte nerveusement mon visage avant de quitter mon véhicule et de rejoindre ma salle de classe, j’étais prêt à y rentrer mais en voyant Edvin arriver, je perdis totalement le contrôle et me précipitai vers lui avant de le plaquer contre le mur, fixant ses magnifiques yeux verts.

Je dois admettre que ces derniers jours ont été les pires depuis un bon nombre de temps, c'est absurde, mais la présence d'Aurian me manque, pas le fait qu'il me forçait mais juste lui en général, parfois je me demande si un truc ne tourne pas rond chez moi car qui va être en manque de la présence de son violeur ? Malgré ce manque présent, une partie de moi reste soulagée car je ne pensais plus tenir longtemps sans lui dire ce que je ressens pour lui et je pense que ça aurait été un peu trop et puis ça n'aurait rimé à rien car ce n'est très probablement pas réciproque, puis il me prendrait pour un fou en plus de ça... Lui aussi se demanderait quel genre d'abruti, autre que moi, peut tomber amoureux de son violeur, sincèrement... Il n'empêche que même si je ne lui parle plus et n'ai aucun contact avec lui, je le vois assez souvent à cause des cours mais je me mets toujours tout devant pour ne pas devoir le regarder même si au fond de moi je ne supporte pas ce regard que je peux sentir, mais il n'a pas recommencé, et j'ai du mal à y croire, il en m'oblige plus à le faire, comme si je n'avais eut que ça à dire, que je ne voulais plus et qu'il devait arrêter, pourtant je l'ai fais pleins de fois mais jamais avec autant de volonté à le voir s'arrêter. Je regrette certain de mes mots de ce jour là, ils sont vrais mais je culpabilise car je suis beaucoup trop gentil, je crois que le fait de lui dire qu'il est un monstre est le pire, car même si tout au fond je sais que ce n'est pas totalement faux, bien je ne peux pas m'empêcher de penser que tout au fond de lui il est gentil et adorable...

Seulement je dois arrêter d'y penser car j'arrive à l'université dix minutes avant que le cours commence, je marche tranquillement avec un ami que je croise sur le chemin et j'arrive juste un peu avant que le cours commence et je remarque assez rapidement le jeune homme qui allait lui aussi rentrer, Aurian, mon ami n'est plus là et nous sommes pratiquement seul dans le couloir car ils sont tous déjà en cours, j'essaie de ne pas le regarder mais il se passe un événement auquel je ne m'attendais absolument pas, il vient à une vitesse effrayante jusqu'à moi et me plaque contre le mur, je le regarde dans les yeux mais je suis sans voix avec la bouche ouverte, je ne m'attendais définitivement pas à ce genre de chose !

Cependant je reprends tout de même mes esprits et j'essaie de le repousser un peu Laisses moi..., j'aimerai juste entrer en cours et oublier ce moment pour ne pas devoir recommencer à lui crier dessus ou prévenir des gens de ce qui a bien pu se passer, c'est absurde de ne pas porter plainte je m'en doute... Je soutiens son regard tout de même et attend qu'il bouge car je n'apprécie pas spécialement être en sandwich entre lui et le mur, lui avec son corps très chaud et le mur très froid, ça fait pas bon mélange et je me suffis à moi même niveau bouillotte... Bref...