Un refuge d'un soir ou plus [PV Vittoria]

Messages : 61 Date d'inscription : 15/09/2013

Alexander avait ralenti pour entrer dans le garage sous l'immeuble. Il sorti rapidement de la voiture pour pouvoir prendre la demoiselle dans les bras pour l'aider à marcher ou la porter au choix. En tout cas il l'emmena tout en haut de l'immeuble dans son duplex. Il ouvrit rapidement la porte pour pouvoir la laisser s'installer sur le canapé, face à une télévision à écran plat. Un peu plus loin à côté un magnifique tableau qu'il présenta à la demoiselle.

"- Rosana, voici ma mère. Mère, Rosana une demoiselle italienne que vous auriez adorée."

Il sourit un peu à la miss avant d'aller chercher de quoi nettoyer le sang au visage. La douche sera pour quand le médecin aura confirmé qu'elle ne risquait rien. Le jeune homme restait doux dans ses actes pour ne pas la faire souffrir. Le temps pouvait s'écouler doucement le temps des premiers soins.

"- Vous savez, chacun a sa part d'ombres. J'en ai une aussi et j'ai fuis comme vous sans affronter mes démons. Sauf que contrairement à vous la personne qui pourrait me les faire affronter est je crois incapable de se rappeler qu'elle a un fils. Cela n'est pas important. Mais savoir qu'on a un lieu où l'on peut venir se poser de temps en temps sans qu'on nous demande de comptes est agréable. Pour la douche il faut attendre que le médecin vous examine."

D'ailleurs ce dernier sonna à la porte et s'approcha de la jeune femme pour l'ausculter. Il ressemblait à un nounours presque.

Spoiler:

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Quelle fut ma surprise lorsque Alexander me présenta à sa mère, ou plutôt au portrait de cette dernière. Moi qui m'attendait à la voir en chair et en os... Je ne savais pas réellement comment réagir face à l'attitude qu'avait adoptée l'écrivain face à un tableau. Je me contenta de sourire, légèrement gênée, ne disant pas un mot.
Lorsqu'Alexander s'approcha de nouveau de moi, et m'essuya le sang de mon visage, il dit quelques phrases qui me touchèrent plus que ce qu'elles n'auraient dues. Alors que j'avais l'impression que l'écrivain appartenait à un monde bien trop éloigné du mien pour pouvoir comprendre ne serait-ce que la moitié de mes problèmes, il évoqua pourtant quelques épreuves qui nous étaient similaires : fuite et problèmes familiaux. Lisait-il en moi ? Ou les connaissait-il réellement ? Je pense que sous ses airs nobles et courtois, cet homme avait connu et connaissait encore de sérieux problèmes. Certainement pas le même type de problèmes que moi, mais je crains que pour lui ses problèmes doivent être plus complexes. On ne parle pas à un tableau lorsqu'on est complètement saint d'esprit.
Le fait de découvrir que l'homme avait lui aussi des démons à combattre le rendait étrangement plus familier, peut-être même plus digne de confiance...

J'avais l'intention de lui répondre lorsque le médecin, un homme rondouillard, sonna à la porte. Je l'avais presque oublié celui-là...
Alexander le fit entrer et l'homme s'approcha de moi. Je m'étais complètement crispée, « allez, détends-toi, c'est juste un mauvais moment à passé ».
Je lui désignai brièvement ma tête, ne mentionnant même pas mon bras, qui, lui aussi avait subis un choc. Il n'était pas cassé, sinon il me ferait bien plus souffrir, donc pas la peine que ce médecin s'attarde sur des choses futiles.
Tout en regardant la blessure, le médecin me posa quelques questions. Suspectant une commission cérébrale, il me conseilla me reposer quelques jours, évitant les endroits trop lumineux et m'hydratant le plus possible. Ensuite, il me proposa de me faire quelques points de soutures pour refermer proprement la plaie. Je m'y opposa catégoriquement ! En aucun cas je ne voulais revoir un toubib, et qui dit points, dit deuxième visite du toubib, bien que celui-ci semblait sympathique, j'avais la hantise de ces gens... Policiers, ambulanciers, toubibs, douaniers, avocats, juges ils étaient tous dans le même tas. C'était des personnes qui avait choisis de métiers qui avait pour but de faire respecter l'ordre, les lois et de vivre pour aider une société corrompue depuis bien trop longtemps. Je déteste ces gens, et ce que je déteste encore plus c'est qu'on ne peut s'en passer...
-Mademoiselle, soyez un peu raisonnable, quelques points de soutures estomperont une vilaine cicatrices.-
-Elle sera dissimulée par mes cheveux...je préfère que la nature fasse son œuvre ! -
Alors que le médecin jeta un regard désapprobateur en direction d'Alexander, je l'imitai, mais pour ma part j'utilisai un regard « suppliant »
-C'est mon choix, ne t'emmêles pas .- Même si j'étais quasiment sûre que l'Italien n'interviendrait pas, j'avais préféré m'assurer qu'il avait bien compris que ce n'était pas un petit caprice, mais bel et bien un choix considéré.
Le médecin soupira et s'avanca vers Alexander, baragouinant quelques mots que je ne pouvais comprendre, étant restée sur la canapé. Peut-être avait-il prévu, à mon plus grand désespoir une seconde visite plus tard ? Ou peut-être lui disait-il seulement aurevoir. Le médecin me salua et quitta la pièce.
Je poussa un soupir de soulagement avant de regarder le brun. Je me sentais réellement redevable de tout ce qu'il avait fait...et je ne pouvais rien faire pour l'en remercier...La moindre des choses c'était peut-être de revenir sur mon accident, non ?
-Je...enfin j'ai quitté la route parce que je voulais répondre au téléphone- Bah ça commence bien, tu mens déjà!C'est juste une petite déformation...
-C'est bête hein...c'était mon frère....c'était lui aussi qui m'avait appelé la première fois qu'on s'est rencontré.-
Je reparlais en Italien, peut-être parce que c'était plus facile pour moi de former des phrases et de débiter ce que j'avais sur le cœur, mais aussi parce que cette langue nous avait rapprochés et je voulais qu'elle soit témoin des mes confidences. Si petites soient-elles.

Spoiler:

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Le médecin commença a examiner la demoiselle et rapidement les deux personnes furent en désaccord et se tournèrent vers Alexander. Ce dernier pas stupide leva les mains, signalant qu'il ne prenait pas position dans ce débat. Mais le docteur arriva rapidement chez lui pour lui signaler quelques petites choses.

"- Elle doit se reposer un maximum et essayez de la faire changer d'avis. Faudra vérifier absolument que la plaie ne s'infecte pas. Pour finir à la moindre petite chose appelez-moi. Elle a peut-être plus qu'elle ne veut laisser voir.

- Elle peut prendre une douche ?

- Oui, mais petite et assise de préférence.

- Bien, merci docteur."

Ce dernier quitta rapidement le duplex d'Alexander tout en lui disant qu'il allait envoyé une personne pour ramener les médicaments de la demoiselle en cas de douleur. L'Italien ne dit rien car ce médecin était le seul qui avait à peut près sa confiance dans la ville. Il se tourna vers la demoiselle en souriant un peu. Elle se justifia presque devant lui ce qui l'amusa.

"- Ma chère, vous n'êtes pas obligée d'en parler vous savez. J'ai compris que vous auriez préféré rester dans cotre pays natal et apparemment votre famille aussi. Mais ce n'est pas encore le cas. Bon, on va recevoir des médicaments pour la douleur. En attentant vous allez prendre un bain. La station debout n'est pas trop conseillée. Je vous prêterais quelques vêtements. Nous irons en chercher d'autres après que vous vous soyez reposée. Cela vous ira ? On se vouvoie encore ou on se tutoie ?"

Le jeune homme lui répondait en italien aussi. Il était apaisé par cette langue.

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Tout semblait si simple lorsqu'Alexander parlait. J'hochai la tête avant de sourire bêtement, empourprant mes joues, lorsqu'il me demanda si nous nous tutoyions désormais.
-Les formules de politesses me semblent déplacées désormais, non ? Je me vois mal vouvoyer mon sauveur et l'homme qui me propose gentiment de m'héberger.-

La douche fut un réel soulagement, mes muscles se détendirent et bien que ma plaie me picotait à cause du savon et de l'eau, je ne pu qu'apprécier ce moment en tête à tête avec moi-même. J'avais écouté les recommandations de l'Italien et était restée assise dans la baignoire, sans bouger, laissant la « cascade » d'eau glisser sur mes cheveux et inonder mon visage. Après de longues minutes sous la douche, je poussai un profond soupire et fermai le robinet d'eau. Attrapant la première serviette qui venait, je me l'enroula autour du corps et profita d'une deuxième serviette pour la mettre autour de mes cheveux. Je savourai ces derniers instants en tête à tête avec moi-même pour me fixer dans le miroir de la salle de bain. J'étais pâle comme un linge et cette pâleur faisait ressortir la rougeur de ma plaie. Elle n'était pas très jolie...Tant pis...Ce ne sera pas ma première cicatrice et pas la plus grande... Celle dont j'avais le plus honte se trouvait par chance à un endroit ou mon regard ne pouvait se poser, sur l'épaule gauche...une entaille de couteau...Faite par un homme violent qui avait confondu charme et flirt avec plaisirs sadiques... C'était les risques du jeu de rôle que je jouais quand je volais...Alberto n'avait pas voulu m'emmener à l’hôpital de peur que l'homme m'y retrouve et la blessure avait mal cicatrisé.
Je pris une grande inspiration et sortis de la salle de bain.

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Alexander eut un léger rire en entendant la réponse de la demoiselle. Il était assez amusé par la manière qu'elle avait de le représenter ce qui était loin d'être le cas. Il n'était qu'une personne en manque de compagnie. En tout cas il la laissa partir prendre sa douche pour aller lui préparer des vêtements. Il devait en avoir assez mixte pour qu'elle puisse les mettre sans sembler avoir piquer les vêtements de son frère. Par contre pour la chemise cela allait être assez grand mais elle était neutre. Il prépara le tout et le posa dans la chambre avoisinant la salle de bain pour qu'elle puisse s'y changer tranquillement. Il venait de finir de tout disposer quand elle sorti de la douche et de la salle de bain.

"- Pas eu trop de soucis ? J'ai mis des vêtements dans la chambre ici. J'espère qu'ils irons."

Il restait tout petit et tout poli. Mais il avait remarqué qu'elle avait d'autres cicatrices, prouvant que son passé était trouble.

"- Je vais préparer un petit repas léger."

Il alla en direction de la cuisine, la laissant découvrir les vêtements noirs et blancs qu'il avait laissé pour elle.

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Je me contenta de hocher la tête et de sourire légèrement en guise de réponse. Lorsque l'homme affirma qu'il allait préparer un léger repas je voulu lui dire que ce n'était pas nécessaire. Je n'avais pas faim et mon estomac était encore complètement noué.
Trop tard...Alexander était déjà parti, sans doute à la cuisine.

Je rejoignis la chambre qu'il m'avait désignée quelques secondes auparavant et ne pu m'empêcher de sourire à la vue des vêtements préparés à mon intention sur le lit. Ça faisait un an que je vivais seule, que j'étais rongée par le remords, que je n'osais adresser plus de trois fois la parole à la même personne, de peur qu'il veuille en savoir un peu plus sur moi...J'avais presque oublié ce que ça faisait d'avoir de la compagnie, que quelqu'un s'occupe de vous. Peut-être que cette tension qui me suivait depuis un an allait s'estomper ? Non, j'en doute...Cette tension n'était pas due au stress de ma « cavale », mais plus au poids du secret. Je suis certaine que si Alberto était venu avec moi, je n'aurais jamais été rongée par cette tension... Le couple secret et solitude qui m'accompagne depuis un an, sont en fait, j'en suis certaine, les barreaux de ma cage dorée...Elle n'a pas de clef cette cage...la seule solution c'est de détruire ces barreaux en abandonnant le couple secret et solitude...

Je me changea rapidement, et me rendis compte sans grande surprise que les vêtements étaient légèrement trop grands. Enfin le pantalon était légèrement trop grand, la chemise, je nageais carrément dedans. La laisser pendouiller par dessus mon pantalon me donnerait l'image d'un épouvantail, je décidai donc de la coincer à l'intérieur du pantalon, histoire d'avoir la taille légèrement marquée évitant par la même occasion d'avoir une chemise en guise de robe.

En sortant de la chambre, j'empruntai le même chemin qu'Alexander dans le but de le retrouver. Sans grande surprise, je le trouvai à la cuisine :

-Je peux t'aider à faire quelque chose?-

Je m'étais peut-être un peu sur-estimée, soudain j'ai été prise de légers vertiges qui me contraignirent à m’asseoir. J'essayai de dissimuler mon mal être à l'Italien, mais il ne faut pas se voiler la face, je suis certaine qu'il n'était pas dupe.

-Je crois que ces quelques mots de tête vont persister encore un peu... - Je baissa le regard et hésita un peu avant de reprendre la parole. J'étais en plein dilemme, continuer la comédie ? Me soulager un peu et dire une partie de la vérité ? Je ne le connais même pas...Mais il m'héberge...il est si discret, il le semble en tout cas.
- Je...je tenais encore à te remercier de ta bienveillance, ça me paraît tellement contre-nature. Je suis complètement perdue, je pense que le coup sur la tête n'aide pas trop.- Je pouffa légèrement avant de reprendre – En prenant la voiture aujourd'hui...je...je comptais quitter Leeds, c'est pour ça que tout mes bagages ont pris feu avec l'auto. Enfin, je pense que tu t'en aie douté.... J'aimerais être honnête avec toi, pas parce que tu m'as aidé, mais parce que tu m'imposes pas cette honnêteté justement. Tu ne demandes rien en retour, tu ne m'imposes pas d'interrogatoires et ça me rassure. Alors commençons par la commencement, mon véritable nom c'est Vittoria.-

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Alexander l'avait laissée seule pour qu'elle puisse se changer sans se sentir épiée. Il avait décidé de préparer un repas vraiment léger. Quelques légumes avec une crêpe au blé noir. Assez consistant pour laisser l'estomac travailler normalement, mais pas trop non plus pour éviter qu'elle soit malade. D'ailleurs il était en train de préparer la pâte quand elle arriva. Il eut un léger sourire en la voyant porter ses vêtements. Il avait l'impression qu'il était immense en la voyant dedans. Il lui sourit doucement. Elle demandait si elle pouvait l'aider. Mais Alexander voyait qu'elle n'était pas encore assez bien pour. Et puis elle recommença à parler doucement. Il l'écoutait. C'était un moment étrange, unique et il savait qu'elle avait besoin de parler. Mais il savait qu'il allait devoir peut-être lui parler un peu de lui-même, de ses propres démons mais avait il allait l'aider doucement à reprendre confiance en elle.

"- Vittoria ? C'est un très joli prénom. Si ma mère était là elle aurait pu te repriser un peu les vêtements. Mais je pense que aujourd'hui ça ira. Si tu as besoin de quoi que ce soit ou de téléphoner tu es libre. Une seule pièce est interdite ici, c'est mon bureau ... Il est .... pas .... très ... rangé ..."

Il prit un air tout petit et tout gêné d'avouer que son bureau était un bordel pas possible. Un chat ne retrouverait pas ses petits dedans, mais pour lui c'était organisé. Il continuait de préparer doucement le repas, faisait chauffer la pâte pour faire une crêpe. Il y avait des légumes qui chauffaient doucement.

"- Ce soir ce sera une crêpe de blé noir et une petite poêlée de légumes."

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Je souris lorsqu'Alexander mentionna sa mère sans paraître trop curieux de ma nouvelle révélation. Il avait l'air très proche d'elle, enfin du moins de son vivant. Je me doutais qu'elle devait être décédée, autrement l'homme ne se serait pas adressé au tableau de cette dernière. Je me sentais toujours un peu gênée vis à vis de l'attitude qu'il avait eu quelques minutes auparavant. En réalité, je ne savais ni comment agir, ni que dire.
- Je suis certaine que j'aurais apprécier sa compagnie.- Puis je regarda l'Italien préparer la pâte.- Une femme qui a su transmettre ses talents de cuisinière à son fils, devait être très douée. Je n'ai pas connu beaucoup d'hommes qui ont pris le temps d'apprendre le B.A BA de la cuisine.-
J'avais toujours vécu entourée d'hommes, et il faut dire que je n'avais jamais rien fais pour changer ce détail. Le monde dans lequel j'avais choisi de vivre n'était pas un monde réputé très féminin. D'ailleurs, en règle général, j'appréciais peu les femmes de mon âge, c'était même souvent réciproque...
"Si tu as besoin de quoi que ce soit ou de téléphoner tu es libre. Une seule pièce est interdite ici, c'est mon bureau ... Il est .... pas .... très ... rangé ..."

Je souris doucement avant de reprendre.
-Je vais me faire toute petite, je ne vais pas te déranger.-
Je n'avais nullement l'intention de téléphoner, si seulement on pouvait m'oublier...Fort heureusement, ici, on ne risquait pas de me contacter. Du moins pas tout de suite. Il leur a fallu un an pour trouver mon numéro de portable et ma localisation...Pourquoi pas un an de plus pour me retrouver. Sur cette pensée je ne pu m'empêcher de tressaillir. Tout le monde sait que tout est éphémère. Et je sais pertinemment que ma situation l'est d'autant plus.

Je regardai un peu autour de moi. Le brun ne semblait pas manquer de moyens. Magnifique voiture, très beau duplex. Je ne pu m'empêcher de sourire au coin en pensant qu'il aurait pu faire partie de la catégorie social des gens qu'on pillait à Florence. Qu'elle ironie !

- Ca fait longtemps que tu vis ici?...Si c'est pas indiscret-

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Alexander sourit un instant devant le compliment de la demoiselle sur le fait que sa mère devait être géniale. Mais il avait eu après une obligation de savoir tenir une maison correctement. Avec son alcoolique de père il n'avait pas d'autre choix pour éviter les brutalités. Puis elle continua un peu de parler avant de poser une question qui le fit sourire. Il était temps de parler un petit peu de lui.

"- Je suis arrivé en ville il y a six ans et j'ai cet appartement depuis quatre ans. Etre écrivain permet de bien gagner sa vie. Mais il faut aussi réussir à travailler chez soi. En tout cas j'aime bien cuisiner. C'est apaisant. Si tu sais cuisiner, n'hésite pas à le faire. Et puis tu n'a pas besoin de te faire petite, j'ai assez d'espace ici."

Le repas fut prêt et il la servit. C'était assez léger, mais en même temps il savait qu'elle ne devait pas avoir trop faim. Il prépara aussi son assiette et posa les couverts avant de mettre les verres.

"- De l'eau ? Du coca ?"

Il prit pour lui de l'eau et attendit la réponse de la demoiselle pour la servir.

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Dans un certain sens, j'étais admirative du style de vie l'écrivain. Pour la plupart des gens, il devait représenter « l'homme qui a réussi sa vie ». Il est son propre patron, ou presque, il mène une vie très aisée, possède un grand appartement, une magnifique maison. Mais pourtant, j'ai l'impression que tout cela n'est qu'une façade, un masque. Derrière ce masque j'ai peur de trouver soit le néant, ou quelqu'un de très malheureux. Je ne peux m'empêcher de plaindre ces écrivains qui vivent par procuration...et pourtant, si j'avais trouvé cette stabilité, je ne serais peut-être pas aussi perdue que maintenant.

Je souris lorsque je le vis nous apporter le repas. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas mangé aussi sainement.
-De l'eau !Merci. Je crains que tu ne sois déçu, je suis une piètre cuisinière, en fait, je n'ai jamais appris. Pour moi manger c'est un peu le passage obligatoire. Je n'avais jamais le temps pour faire un bon repas, ni l'envie, donc j'ai pris la mauvaise habitude de manger sur le pouce à n'importe quelle heure de la journée.-

Je m'étonnai moi-même de me voir déballer des petites anecdotes anodines de ma vie aussi facilement. Et Dieu que ca faisait du bien. Parler, sans réfléchir aux conséquences...

-C'est étonnant de voir une personne comme toi vivre seule ! Tu n'as pas un troisième œil ou des cornes de diable cachés quelque part ?!- dis-je sur un ton jovial.

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Alexander lui servit de l'eau fraîche tout en l'écoutant parler. Il était toujours ouvert à la discussion mais en même temps elle posa la question qui aurait pu le tuer mais il était aussi ouvert qu'elle.

"- Oh non, pas de cornes ou de troisième oeil. J'ai juste une incapacité à me projeter dans la vie avec une autre personne qui dépendrait de moi. Je n'ai jamais vraiment pu avoir de relations avec une femme ou un homme sans revoir mon père. Et comme je n'ai pas envie de finir comme lui et que je ne suis pas une personne qui parle de mes sentiments alors ça finit toujours mal. Avec des amis c'est vraiment pas pareil. Si tu ne veux pas en parler ce n'est pas grave. C'est la vie et je veux être moi-même."

Il lui sourit doucement et commença à manger aussi rapidement. C'était le plaisir de la soirée.

"- Je peux cuisiner pour deux j'adore cela."

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L'ambiance joviale se mua en une atmosphère plus sérieuse en l'espace d'un instant. Alexander semblait avoir quelques soucis avec sa famille, mais qui n'en a pas ? Ca semblait le ronger, et j'étais bien placée pour comprendre que ce genre de secrets, nous rongent et finissent par nous accompagner dans la tombe.

-Tu sais on est maître de notre destin. On est pas voués à devenir comme nos parents et répéter leurs erreurs. Il ne faut pas vivre dans la crainte de vivre pleinement une relation, parce que tu ne veux pas ressembler à ton père. Je ne sais pas ce qu'il a fait et ça ne me regarde pas. Mais ce que je sais c'est qu'il ne faut pas fuir son passé, ce n'est pas la solution. Pour être libre, il faut l'affronter une bonne fois pour toutes.- Je laissa échapper un petit rire nerveux.

- Que de belles paroles, hein ? Et j'avoue, moi-même, je n'arrive pas à les mettre en pratique.- Je commenca à manger, puis pris une grande inspiration. Je crois que le moment des confidences est arrivé.
- J'ai vécu une très belle relation avec un homme que j'aimais aveuglément. Pour lui j'étais prête à tout. Vraiment tout. J'ai abandonné ma famille, ignoré les mises en garde de mes frères et je me suis mise dans une situation plus que désastreuse. J'ai quitté l'Italie, quitté...Alberto... parce que... parce que je devais fuir quelque chose que je ne me sentais pas prête d'affronter. Je voulais garder ma liberté, mais en fuyant, je me suis enfermée, emprisonnée. Et c'est devenu pathologique. Je ne peux m'empêcher de fuir, je n'arrive pas à affronter mes problèmes, parce qu'avec le temps ils sont devenus encore plus insurmontables. Et paradoxalement, je sais que la seule manière de me libérer c'est de retourner en Italie et d'assumer les mauvaises choses que j'ai faites là-bas. Donc la morale de cette jolie petite histoire c'est : Affrontes tes problèmes, mets les K.O, avant qu'ils ne deviennent trop gros et qu'ils te détruisent. -
Je me mis à fixer mon assiette, sans oser relever la tête et affronter le regard de l'Italien.

Messages : 61 Date d'inscription : 15/09/2013

Vittoria lui parla de son passé, du moins en partie. Elle avait eu beaucoup plus de soucis que lui. Son problème n'était rien face à elle. Mais il s'en voulait car il avait eu des échos que son père qui vivait avec lui et ses bouteilles aurait eu un autre fils. Et la mort de sa mère ne l'avait pas vraiment affecté. Il avait dix ans et un père alcoolique. Mais ce n'était rien du tout face à la trahison qu'elle avait subit.

"- Parfois on ne peut pas pardonner tant que la source de nos ressentiments est en vie. Ma vie n'était pas une succession d'horreurs, j'ai eu beaucoup de chance mais je ne pourrais jamais effacer ce qu'il est devenu de ma mémoire. Mon père est un Russe trop porté sur la vodka et tout autre alcool fort. Tant qu'il a la brûlure dans la bouche, tout va. Mais cela est depuis que ma mère avait apprit qu'elle attendait un second enfant. Le soir où il l'a apprit il était dans une rage folle. On ne comprenait pas pourquoi, il voulait qu'un enfant d'accord mais en même temps il devait être heureux non ? Mais j'ai appris il y a peu qu'il avait eu un autre enfant avec une autre femme. Il la trompait sans vergogne et monsieur disparaissait de la maison pour aller les voir, saoul comme un pot. Je n'ai pas encore eu la force de vérifier l'information car cela voudrait dire que j'aurais pu aider une personne ... Vittoria, il n'y a jamais de moment pour ne plus pouvoir affronter son passé. Au contraire. Il faut aussi se sentir prêt à affronter tout cela. Mais toi es-tu prête à affronter ton ancien amour ? Celui qui a fait de toi ce que tu es aujourd'hui ? Es-tu prête à revoir ta famille et leur demander pardon pour les retrouver ? En tout cas eux semblent t'avoir pardonner. Chez moi personne n'arrivera à pardonner ma fuite et ma réussite professionnelle. Surtout si ce demi-frère existe. Cela fait 6 ans que j'ai abandonné Londres pour fuir ce paternel ..."

Alexander fronça un moment les sourcils, réfléchissant à comment faire pour savoir si c'était vrai et a se faire "pardonner" d'avoir abandonner cette partie de sa famille. Mais il n'avait plus du tout envie d'y penser.

"- Tu aime le cinéma j'espère ? Car si tu as fini de manger, c'est glace devant un bon film avant de dormir."

Il souriait à nouveau, comme s'il avait remis un masque. C'était sa façon de vivre. Toujours joyeux.

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